Pour ou contre? Le thème de la vaccination n’a pas son pareil pour animer une discussion. Loin de calmer les passions, le contexte épidémique a remis sur le devant de la scène les formidables enjeux sanitaires de la vaccination.
Un peu d’histoire
Depuis la fin du XIXe siècle, l’espérance de vie s’est envolée grâce à la vaccination et aux autres progrès de la médecine. Auparavant, les maladies contagieuses décimaient des populations entières. L’un des pires fléaux était la variole, qui pouvait emporter plus de 10% de la population d’un pays chaque année! Jusqu’à ce qu’un médecin anglais observe en 1796 que les paysans qui avaient été atteints par la vaccine, une maladie bénigne des vaches et des chevaux, n’attrapaient pas la variole lors des épidémies. Le principe, et le nom, de la vaccination étaient nés.
Notons au passage que la variole était probablement à l’origine un virus animal, qui se serait petit à petit adapté à l’homme (toute ressemblance avec des faits actuels …).
Il fallut cependant encore attendre un siècle, et un certain Louis Pasteur, pour relancer la machine, avec la mise au point du vaccin contre la rage. Suivirent dans les années 1920 les vaccins contre la tuberculose, le tétanos et la coqueluche. Les premiers vaccins contre la grippe ont été administrés aux soldats américains à la fin de la seconde guerre mondiale.
Succès indiscutables et déceptions provisoires
N’en déplaise aux «vaccino-sceptiques», aucune autre action de santé publique n’a jamais été aussi bénéfique pour l’humanité que la vaccination. La terrible variole,
officiellement déclarée comme éradiquée par l’OMS en 1980, en est le plus bel exemple. Tout comme la quasi disparition de la diphtérie, du tétanos ou de la poliomyélite, des maladies dont rien que l’évocation du nom terrifie encore certains de nos grands-parents.
On regrettera en revanche que nombre d’autres affections mortelles, ou à risque de graves séquelles, tardent à disparaître en raison d’une couverture vaccinale insuffisante. C’est le talon d’Achille de la vaccination: une maladie en passe d’être vaincue ne fait plus assez peur pour maintenir la motivation de la population. Citons le cas de la rougeole, pour laquelle un vaccin
efficace et sûr existe depuis plus de 50 ans. Oublié ou considéré à tort comme anodin, le virus de la rougeole est en réalité l’un des plus contagieux qui soit. Il provoque chaque année autour de 140’000 décès, en majorité des enfants de moins de cinq ans.
Les vaccins à venir
Le développement d’un vaccin est un processus long et complexe, qui participe aux avancées de la science, en particulier dans le domaine du génie génétique. Les travaux en cours visent à mettre au point de nouveaux vaccins, mais aussi à améliorer la qualité et l’efficacité des vaccins existants. En parallèle, d’autres voies d’administration sont étudiées (patch, voie orale, spray nasal, etc.) afin d’éviter les injections. Et les plans de vaccination sont régulièrement mis à jour pour s’adapter aux évolutions.
En ce qui concerne les vaccins en développement et attendus avec fébrilité, la Covid-19 a phagocyté l’attention de la totalité des parties intéressées. A l’heure qu’il est, entre cent et deux cents vaccins sont en compétition (vive la coopération mondiale!), une trentaine a atteint le stade d’essais
cliniques, et un pays a même déjà annoncé la production à l’échelle industrielle.
Cela dit, d’autres maladies plus dévastatrices que la Covid-19, comme le paludisme ou le SIDA, attendent un vaccin depuis des décennies. Il est à espérer que la pandémie actuelle n’en retarde pas l’aboutissement.