Les changements de saison entraînent avec eux leurs lots de modifi cations de l’humeur. Si on sait bien qu’en automne le moral baisse proportionnellement à la luminosité, on connaît moins les épisodes dépressifs liés à l’arrivée du printemps.
Eh oui, de même que l’hirondelle ne fait pas le printemps, le printemps, lui, ne fait pas toujours l’effet escompté sur notre moral.
Des rythmes biologiques lunatiques
Depuis la nuit des temps, les organismes vivants réagissent aux cycles de la nature. Pour s’adapter aux changements de conditions environnementales, les marmottes ont toujours hiberné, les oiseaux migrateurs ont toujours migré, et les arbres ont toujours perdu leurs feuilles. L’homme de Cro-Magnon, lui, rongeait son frein au fond de sa caverne quand il faisait trop froid pour aller chasser le mammouth. Pour ce qui concerne l’infl uence de la lune, toutes les études sérieuses démontrent qu’elle n’en a… aucune. Malgré cela, une enquête menée aux Etats-Unis révèle que plus de 50% des médecins interrogés sont persuadés que la Pleine Lune infl uence l’humeur et les comportements.
Diverses expressions contribuent également à maintenir cette croyance vivace : « être mal luné », « être dans la lune », « lunatique », etc. Mais revenons sur terre pour affirmer, sans aucun doute cette fois, que l’une des principales causes des baisses de moral saisonnières est le manque de luminosité. La lumière contrôle en effet les horloges biologiques internes en agissant sur la sésécrétion de certains neurotransmetteurs tels que la sérotonine, « l’hormone du bonheur ». On recense également d’autres prédispositions d’ordre génétique et hormonal, qui expliqueraient pourquoi la déprime hivernale touche davantage les femmes.
Au printemps aussi !
Pour certaines personnes, c’est au contraire l’arrivée du printemps qui déclenche les symptômes dépressifs. Moins facile d’incriminer une carence lumineuse dans ce cas ! Les fondements de ce phénomène plus répandu qu’on ne l’imagine semblent multifactoriels. De récentes études ont fait le lien avec l’allergie aux pollens, qui épuiserait l’organisme et l’empêcherait de produire certaines hormones. Tout comme il peut s’agir « simplement » d’un épuisement des défenses après un hiver rigoureux. Et pour couronner le tout, la constatation que son entourage bouillonne de projets et d’enthousiasme à l’idée du retour des beaux jours ne fait que renforcer le sentiment de décalage. Ne pas être en mesure de profi ter de l’énergie ambiante attriste encore davantage le déprimé printanier.
Reconnaître les symptômes
Rappelons en préambule de ne pas s’effrayer à la moindre petite perte de tonus, quasi inévitable à un moment ou à un autre au cours de la saison froide. Si la lassitude persiste plus d’une ou deux semaines, il y a lieu d’examiner la présence de certaines manifestations caractéristiques : les deux grandes particularités du trouble saisonnier sont d’une part une tendance à beaucoup dormir et d’autre part une augmentation de l’envie de manger, spécialement des sucreries. Le fait que les symptômes soient plus prononcés le soir que le matin est une autre spécifi cité qui distingue souvent la déprime saisonnière de la dépression classique. Si vous vous sentez concernés par cette description, parlez-en sans délai à votre médecin. Car lorsque les symptômes perturbent signifi cativement le fonctionnement quotidien, le trouble affectif saisonnier doit être considéré comme une véritable dépression et traité par un spécialiste, seul habilité à poser un diagnostic.
Lumière blanche pour idées noires
En revanche, si les manifestations sont plus discrètes, pourquoi ne pas s’essayer à la luminothérapie ? L’usage thérapeutique de la lumière s’est répandu depuis quelques décennies. Il est désormais validé sur le plan médical et même pris en charge, sous certaines conditions, par l’assurancemaladie. Le principe consiste à resynchroniser tous nos rythmes biologiques en simulant l’ensoleillement naturel à domicile avec une lampe spécialement prévue à cet effet. 30 à 60 minutes d’exposition quotidienne suffi sent à modifi er les sécrétions hormonales, en particulier celles de la mélatonine : le moral remonte dès les premiers jours, le sommeil s’équilibre, l’envie de manger sucré, caractéristique de la déprime saisonnière, disparaît. A noter que la luminothérapie donne également de bons résultats en cas de décalage horaire, de baby blues, d’insomnie, et même de certains troubles alimentaires.
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Le conseil de Pharmacie Populaire
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L’importance de l’hygiène de vie sur le moral
A l’instar de nombreuses affections, une hygiène de vie équilibrée facilite notablement le passage des caps difficiles : faire du sport, manger sainement, se coucher à heures fixes.
Et une promenade quotidienne à la lumière du jour constitue une alternative avantageuse à des séances de luminothérapie. Avec en prime les bienfaits d’une activité physique. Et pas d’excuse, votre pause de midi s’y prête admirablement…
La prise de suppléments de vitamine D permet elle aussi d’améliorer le tableau. De nombreuses personnes sont carencées en vitamine D, particulièrement en hiver puisque l’organisme a besoin de soleil pour la synthétiser. Or, cette vitamine influence des neurotransmetteurs impliqués dans l’humeur.
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Denis KÖSTENBAUM
/Pharmacie Populaire