Pousser, serrer, pianoter sur les claviers et les écrans tactiles, difficile d’imaginer se passer des précieuses fonctionnalités de son pouce. C’est pourtant ce qui menace les personnes atteintes de rhizarthrose, l’arthrose du pouce.
Plus ardue à écrire qu’à prononcer, la rhizarthrose est une affection rhumatismale de l’articulation du pouce qui peut être particulièrement invalidante.
Une articulation unique
La base du pouce de la main est dotée d’une articulation à nulle autre pareille dans le corps humain. A gauche, à droite, en avant, en arrière, en rond, sa mobilité dans l’espace est exceptionnelle, autant que sa solidité. Et sa faculté de s’orienter en opposition aux autres doigts de la main pour former une pince nous semble tellement évidente qu’on en oublie sa précision et sa remarquable finesse.
La jeune génération cybernétique ne s’y est d’ailleurs pas trompée, elle qui a plébiscité l’usage de son pouce au détriment des autres doigts. Observez comment un utilisateur novice utilise un écran tactile et vous constaterez qu’il se sert principalement d’un seul doigt, l’index le plus souvent, alors que les jeunes virtuoses privilégient instinctivement leurs deux pouces. Au point même que certains d’entre eux utiliseraient désormais le pouce à la place de l’index pour montrer une personne ou un objet !
En tout cas, cette mutation psycho-morphologique n’est pas sans conséquence. Tendinites, infl ammations, et même rhumatismes, les spécialistes de la main accueillent dans leurs cabinets des patients de plus en plus jeunes.
Les femmes défavorisées
Sur l’ensemble des affections rhumatismales, l’arthrose de la main est celle qui est la plus répandue, en particulier chez les femmes. En effet, pour diverses raisons pas encore bien élucidées, les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes par l’arthrose du pouce. Et elles le sont plus tôt aussi, puisqu’avant 50 ans, une rhizarthrose est rarissime chez l’homme, alors que près de 10% des femmes sont déjà concernées. Les gènes et les hormones sont donc à pointer du doigt, tout comme les mouvements répétitifs, créateurs de microtraumatismes et d’usure précoce. Les antécédents de fractures ou d’entorses du pouce sont d’autres facteurs prédisposant, mais comme pour tous les troubles dégénératifs, la cause exacte est inconnue la plupart du temps.
Lentement mais pas sûrement
Les douleurs de l’arthrose du pouce débutent le plus souvent du côté de la main dominante (main droite pour les droitières, et inversement), et s’étendent parfois aux deux mains. La rhizarthrose est émaillée de crises douloureuses aigües, mais la situation peut rester stable de nombreuses années. Il arrive même que la douleur soit très supportable alors que les examens radiologiques montrent une importante dégénérescence du cartilage. Quant aux cas plus défavorables, ils aboutissent progressivement à l’enraidissement et à la déformation du pouce, typiquement en forme de Z. Les gestes les plus élémentaires de la vie quotidienne, comme saisir un objet ou ouvrir une bouteille, deviennent alors impossibles.
Un coup de pouce bienvenu
En dehors des analgésiques, le traitement repose principalement sur le port pendant la journée d’une orthèse souple. Il s’agit d’une attelle qui va limiter les forces s’exerçant sur l’articulation. Elle maintient le pouce sans l’immobiliser, et absorbe tous les petits mouvements traumatisants responsables des poussées infl ammatoires douloureuses. Car pendant la journée, même si le pouce semble être au repos, il bouge sans cesse avec le déplacement des mains dans l’espace.
Pour la nuit, il existe des attelles plus rigides immobilisant complètement l’articulation. Le fait que l’articulation soit maintenue au chaud exerce également un effet antalgique. Enfi n, des séances de kinésithérapie, comprenant exercices de renforcement musculaire et d’entretien de la mobilité, sont vivement recommandées.
Si l’évolution n’est pas satisfaisante, on peut envisager une chirurgie de l’articulation, ou la pose d’une prothèse, semblable à une prothèse de hanche miniature.
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L’information de Pharmacie Populaire
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Témoignage d’une pianiste professionnelle :
« J’ai 54 ans et je joue au piano 3 à 4 heures par jour. Je souffre de douleurs à la base de mes deux pouces depuis plusieurs années. Au début, j’étais particulièrement angoissée à l’idée de ne plus pouvoir exercer mon métier et ma passion. L’orthopédiste a diagnostiqué une rhizarthrose bilatérale. Il m’a surtout rassurée en me proposant diverses mesures pour poursuivre mon activité. Je joue désormais avec une attelle spécialement moulée pour moi.
J’ai aussi dû modifier ma technique pianistique pour éviter de trop solliciter le pouce : j’utilise davantage mes coudes pour accompagner les déplacements de mes mains… pas évident.
J’ai eu 2 crises aigües qui ont nécessité une infiltration de cortisone, mais sinon, pour le moment, c’est à peu près supportable. Si la gêne devait s’aggraver j’envisagerai de me faire opérer… »
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Denis KÖSTENBAUM
/Pharmacie Populaire