Pour pleinement profiter des vacances, il faut savoir décrocher du travail et des soucis quotidiens,
mais ce n’est pas toujours facile. Chantal Roy, psychologue clinicienne et sophrologue à Genève, décrypte les mécanismes qui parfois nous en empêchent.
Chantal Roy est psychologue clinicienne et sophrologue à Genève. Depuis 1992, elle reçoit des adultes et adolescents ayant des difficultés liées au stress, à l’anxiété ou au burnout notamment. Elle anime aussi des séances collectives de sophrologie :
www.chantalroy.ch
INTERVIEW
Pourquoi est-il parfois si compliqué de ne pas penser au travail ou aux obligations du foyer une fois en vacances ?
Chantal Roy : Il s’agit d’un décalage entre le corps et l’esprit ! Si, pendant toute l’année, nous ne faisions que nous préoccuper de l’avenir, nous ne saurions pas être pleinement présents à ce que nous vivons lorsque nous sommes en congés. On peut se réjouir de bientôt faire une pause, et une fois en vacances, se projeter dans les difficultés de la rentrée plutôt que de profiter du moment présent. Il n’est pas facile de changer de rythme et de décrocher pendant cette parenthèse, ce temps de liberté, ni d’éviter la pression de « réussir ses vacances » en les rendant trop productives.
Nous ne sommes pas tous égaux face au lâcher-prise. Est-ce une question de caractère ?
Pas seulement, car aujourd’hui, on court sans arrêt après les choses, on vit avec un sentiment d’urgence. Je n’observais pas une telle pression il y a 20 ans ! Dans ce contexte, les personnes perfectionnistes et anxieuses, qui ont besoin de tout contrôler dans le but de bien faire, sont plus fragiles. Les caractères plus confiants et nonchalants se laissent moins facilement piéger.
Comment se préparer dès maintenant pour partir en vacances l’esprit léger ?
Changer de rythme est une décision à prendre dès maintenant. Pour réussir à lâcher prise en vacances, il faut déjà savoir évacuer la tension au cours de l’année. Le système nerveux autonome a deux modes d’action : le mode sympathique lorsqu’il est en phase active, et le mode parasympathique dans les moments de détente. Il est important de les alterner, et donc de prendre le temps de respirer, de se retrouver, même au cours d’une journée stressante. Parmi les techniques qui peuvent aider, il y a la sophrologie, la méditation, mais aussi de petits exercices, comme de porter notre attention dans le présent en marchant dans la rue ou en attendant le bus, plutôt que de réfléchir aux choses à faire plus tard !
Faut-il impérativement se couper du travail pendant les vacances ? Quel est votre avis de psychologue sur le sujet ?
Si son emploi le permet, il est important de se déconnecter pour recharger ses batteries. Acceptons par exemple que d’autres s’occupent des dossiers en notre absence. Le risque est que le travail devienne notre première raison de vivre. Or, il faut pouvoir faire autre chose de son temps libre, le consacrer à d’autres activités. Est-il bien utile d’avoir du temps de loisirs, de vacances, si c’est pour le remplir par des préoccupations professionnelles ?
D’où vient ce besoin de rester en contact avec le travail ?
D’un besoin de contrôle, et parfois aussi de la peur d’être dépassé à la rentrée. Nous vivons dans une société où personne n’accepte d’attendre, et où il faut tout faire, tout de suite. Avec en plus un contexte d’insécurité de l’emploi, cela explique que certaines personnes préfèrent continuer de travailler un peu pendant les vacances. La hiérarchie impose aussi parfois aux salariés d’être joignables en tout temps. La société économique a créé ce mode de fonctionnement pervers, dans un monde professionnel de plus en plus compétitif : on a droit à des vacances, mais on ne peut pas vraiment en profiter.
Quel est le risque pour les personnes qui ne parviennent pas à lâcher prise ?
Les risques sont divers : stress chronique, épuisement, dépression, crises de panique ou burnout. Il faut donc être à l’écoute de ses besoins, et une fois par semaine, s’aménager par exemple un moment à soi et accepter de ne rien faire d’utile, essayer d’être en contact avec « l’être » plutôt qu’avec le « faire ».
A DÉCOUVRIR
La sophrologie, une piste pour combattre le stress.
Chantal Roy est présidente de l’Antenne sophrologie Genève, qui propose notamment des cours de sophrologie. Cet entraînement du corps et de l’esprit peut, entre autres, aider à la gestion du stress et des émotions négatives.
Plus d’infos sur les cours :
www.as-ge.ch
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