C’est une réalité : la population vieillit. A Genève, près de 12 % des habitants sont âgés de 65 à 79 ans et 5 %, de 80 ans et plus, ce qui représente plus de 80’000 personnes sur le canton. Et si l’on sait que la majorité des Genevois a entre 30 et 60 ans, et que les naissances correspondent à 1 % de la population, il y a de quoi se poser des questions sur l’avenir de nos seniors. La société tente d’y répondre…
Dans un contexte où la mobilité des patients est au cœur de la problématique, le rôle des soins à domicile est crucial, pour ne pas dire vital. Nathalie Terrier, infirmière coordinatrice à la Coopérative de soins infirmiers (CSI) à Genève, nous éclaire :
Depuis quand existent les soins à domicile tels qu’on les connaît aujourd’hui et dans quel contexte sont-ils apparus?
Nathalie Terrier : Au début du XXe siècle, émergent les premiers soins à domicile genevois. Les prises en charge étaient peu développées. L’infirmière appelée à l’époque « infirmière visiteuse » se rendait au domicile des patients pour un contrôle de tension, pour une préparation de médicaments ou pour effectuer un pansement. Petit à petit, les visites se sont étoffées. Les raisons sont multiples. Citons-en trois principales :
• L’évolution des traitements comme par exemple la découverte de l’insuline qui, comme d’autres thérapeutiques ont amené à développer les soins à domicile ;
• L’allongement de l’espérance de vie avec des patients souffrant de plusieurs pathologies chroniques ;
• La volonté politique de maintenir les patients à domicile le plus longtemps possible.
Quelle est l’importance de la branche pour la santé publique?
N.T. : Elle est essentielle. Le vieillissement de la population va encore s’accentuer. On va avoir de plus en plus de centenaires dans les prochaines années. Le développement des soins à domicile ne peut donc que se poursuivre. Les politiciens soutiennent le développement du réseau de soins ainsi que le réseau primaire, « les proches-aidants ». Ces derniers devront être valorisés et intégrés dans les prises en charge de leurs proches, malgré un mode de vie urbain de plus en plus accaparant. En effet, les enfants sont, soit encore en activité et peu disponibles, soit eux-mêmes âgés et malades. Il y a également le fait que la famille ne réside pas toujours à proximité et doit donc déléguer certaines prises en charge.
Quels soins sont prodigués?
N.T. : Nous avons beaucoup de demandes pour des évaluations de situation à domicile. Le médecin traitant observe par exemple une baisse de l’état général de son patient, un manque d’hygiène parfois, une perte de poids inquiétante, quelques troubles de mémoire, etc. Il nous mandate pour nous rendre au domicile du patient – avec l’accord de ce dernier – afin d’obtenir une « photographie » de sa vie quotidienne. Après cette évaluation, l’infirmière réfère au médecin son analyse et ses propositions de prise en charge afin d’aider le patient à rester chez lui le plus longtemps possible avec un maximum de sécurité. Nous pouvons conseiller des aides de type très variées : une aide pour le ménage, une infirmière pour certains soins, une aide pour la douche, un système d’alarme, un foyer de jour, une assistante sociale, une pédicure ou encore une évaluation ergo. L’infirmière doit avoir une vision globale de la santé et bien connaître le réseau socio-sanitaire. Nous recevons également différentes demandes pour des prises en charges plus précises : transfusion, antibiothérapie, soin palliatif, soin postopératoire, etc.
Qui en bénéficie et comment?
N.T. : Nous intervenons sur le territoire genevois pour tout patient ayant une prescription écrite d’un médecin installé en Suisse. Nous n’avons pas le droit de pratiquer sans délégation médicale. Nos prestations sont remboursées par la LAMal sous certaines conditions.
Dans ce contexte délicat, quels sont les enjeux à venir?
N.T. : La pyramide des âges évolue plus vite que le développement socio-sanitaire. La prise en charge à domicile se complexifie car un même patient présente souvent plusieurs pathologies. Les équipes doivent être pluridisciplinaires et se concerter afin d’établir des objectifs communs. Oncologue, médecin traitant, diabétologue, infirmière spécialiste et assurances doivent communiquer ensemble pour trouver les meilleures solutions pour le patient, qui doit rester au centre de nos priorités ! Il va falloir également continuer à former plus de soignants. De beaux défis en perspective !
Propos recueillis par Sofia Rossier
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