La contraception est loin d’être un sujet tabou en Suisse et les connaissances de la population en la matière semblent être largement acquises : en 2012, 80% des personnes sexuellement actives (âgées de 15 à 49 ans) déclaraient utiliser un moyen de contraception.
En outre, le taux d’interruptions de grossesse en Suisse fait partie des plus faibles observés au niveau mondial et ne cesse de reculer depuis 2011, surtout chez les adolescentes : en 2015, ce taux était de 6,3 pour 1000 femmes de 15 à 44 ans et de 3,4 pour 1000 adolescentes âgées de 15 à 19 ans (Source : OFS).
Un éventail de solutions
La toute première génération de pilule contraceptive a été mise au point par l’endocrinologue américain Grégory Pincus, dont les recherches ont bénéficié du soutien financier d’une riche héritière – militante féministe de surcroît – Katherine MacCormick. Elle est commercialisée pour la première fois en août 1960, aux États-Unis, par les laboratoires Searle. Très vite, plusieurs concurrents s’intéressent au produit et développent leur propre formule contraceptive. En Suisse, la pilule demeure le contraceptif de prédilection : 27,2% des femmes sexuellement actives ont fait ce choix (selon l’Enquête suisse sur la santé de 2012). Le stérilet arrive en seconde position avec 14,3% d’utilisatrices. Les autres dispositifs (anneau vaginal, patch, implant, injections) sont en revanche un peu boudés : seuls 6,1% des femmes interrogées ont opté pour l’un d’entre eux.
Chacune doit choisir le mode contraceptif qui lui convient selon son mode de vie, ses habitudes, son activité sexuelle, etc. Il faut également étudier les avantages et inconvénients de chaque méthode. La pilule – tout comme l’ensemble des contraceptifs contenant des progestatifs – peut entraîner une prise de poids, une poussée d’acné, la disparition des règles, etc. La pilule est également connue pour augmenter les risques de thrombose veineuse, un risque accru par le tabagisme. Une entrevue avec un gynécologue permettra de faire le point et de trouver le contraceptif le plus adapté.
Le préservatif, la protection 2-en-1
En novembre 2016, l’association SANTE SEXUELLE Suisse rapportait dans un communiqué que les infections sexuellement transmissibles (IST) étaient en recrudescence. Ainsi, en 2015, les cas de gonorrhée avaient augmenté de 23% par rapport à l’année précédente ! Le nombre de cas de syphilis et de chlamydia avaient quant à eux progressé de 7% et 5% respectivement sur la même période. Une tendance également observée dans les autres pays européens. C’est pourquoi, tant que la relation n’est pas stable et que les partenaires ne se sont pas livrés à un dépistage, l’usage du préservatif – masculin ou féminin – lors de chaque rapport sexuel est vivement recommandé. En effet, c’est le seul contraceptif qui apporte également une protection contre les IST et le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Les préservatifs masculins existent en latex ou en matière synthétique et sont déclinés en plusieurs modèles, qui diffèrent par la taille ou le degré de confort. N’hésitez pas à vous adresser à votre pharmacien, qui pourra vous guider dans votre choix. Moins utilisé, le préservatif féminin est tout aussi efficace, mais il doit être positionné dans le vagin avant le rapport.
Dérapage incontrôlé
En cas d’accident (oubli de pilule, préservatif qui se déchire, etc.), il existe des moyens de contraception d’urgence. Attention, il ne s’agit pas ici de déclencher un avortement, car la grossesse n’est pas encore en cours! La contraception d’urgence hormonale permet de retarder l’ovulation. Elle est disponible sous deux formes : l’une à base de lévonorgestrel, l’autre à base d’acétate d’ulipristal, qu’il est possible de prendre jusqu’à 3 à 5 jours respectivement après un rapport sexuel à risque. Ces comprimés sont disponibles sans ordonnance en pharmacie, dans les centres de planning familial, aux services d’urgences des hôpitaux ou encore auprès de votre médecin. Leur efficacité diminue avec le temps, il faut donc agir dès que possible. Attention : la prise de certains médicaments en parallèle peut également nuire à leur efficacité. Votre pharmacien sera du meilleur conseil pour les interactions médicamenteuses éventuelles.
Après la prise d’un contraceptif d’urgence, certains effets secondaires d’intensité variable peuvent apparaître : douleurs abdominales, pertes de sang, maux de tête, nausées. Ces symptômes disparaissent rapidement et ces «pilules du lendemain» ne présentent aucun danger tant au niveau de la santé que de la fertilité de leur utilisatrice. À noter toutefois que leur efficacité n’est pas garantie à 100%. Ainsi, en cas de retard de règles supérieur à 5 jours suite à la prise du comprimé, un test de grossesse (par test urinaire ou prise de sang) permettra de lever définitivement le doute. Enfin, comme alternative aux solutions hormonales, il est possible de se faire poser un dispositif intra-utérin (DIU) en cuivre par un gynécologue, dans les 5 jours suivant le rapport mal protégé. Ce DIU permet en effet d’empêcher la nidification de l’œuf.
Les jeunes et la contraception : les préparer au mieux
Il n’est pas aisé d’aborder ce sujet délicat avec ses enfants. Loin d’être anodin, il marque la rupture définitive avec l’enfance, qui s’accompagne d’une prise de conscience du fait que son enfant est sexuellement actif. Il est parfois dur pour les parents de l’accepter, ce qui peut expliquer pourquoi certains peinent à évoquer le sujet. Et pourtant, en parler est la meilleure façon de les protéger. Les protéger à la fois des infections sexuellement transmissibles (IST) et à la fois d’une grossesse non désirée. Fille ou garçon, le discours n’est pas réellement différent : chacun doit faire face aux mêmes risques et aux mêmes responsabilités lors d’un acte sexuel. En 2010, 23,6% des garçons et 17% des filles âgés de 15 ans déclaraient avoir déjà eu des relations sexuelles (selon une enquête HBSC), soit près d’une fille sur six et un peu moins d’un garçon sur quatre. Des chiffres qui varient finalement peu depuis quelques années, si l’on se réfère aux études similaires menées depuis 2002. Parce qu’il protège non seulement de la grossesse mais aussi des IST, le préservatif doit être évoqué en priorité auprès des adolescents. Les parents peuvent par exemple entreprendre d’en acheter une boîte, puis de la stocker dans la trousse ou l’armoire à pharmacie familiale, afin qu’elle soit librement accessible pour qui en aurait besoin. L’autre avantage du préservatif est qu’il se glisse aisément et discrètement dans une poche ou un sac. Dans l’étude susmentionnée, filles et garçons étaient plus de 80% à déclarer avoir utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel, un résultat qui montre que les risques encourus sont dans tous les (jeunes) esprits. En parallèle, il peut être rassurant pour une jeune fille de consulter un gynécologue dès qu’elle est active sexuellement. Elle pourra ainsi lui poser toutes les questions qui lui traversent l’esprit concernant la contraception mais aussi sa sexualité, sans honte ni retenue. Une liberté d’expression qu’il est parfois plus difficile d’envisager avec ses propres parents.
Fleur Brosseau | Contenu & Cie
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