Au printemps 2013, les Genevois découvraient le système MonDossierMedical.ch, une solution développée par le Canton de Genève et La Poste. Plus de quatre ans ont passé depuis la mise en place de ce portail, qui compte aujourd’hui parmi ses inscrits plus de 24’000 patients et plus d’un millier de prestataires de soins.
Dans notre société en pleine transformation numérique, empreinte de mobilité et de nouvelles technologies de communication, le dossier médical en ligne apparaît comme une évidence. Centraliser les informations liées à la santé des patients, puis faciliter l’accès à ces informations tout en respectant leur confidentialité, est la garantie d’une collaboration plus efficace des différents praticiens. Le système offre ainsi une prise en charge améliorée des pathologies, ainsi qu’un meilleur suivi sur le long terme. L’inscription, rapide et gratuite, peut être réalisée auprès d’un médecin ou d’une pharmacie enregistré sur la plateforme ou aux Hôpitaux universitaires de Genève.
Une mine d’informations
Un patient inscrit sur MonDossierMedical.ch (MDM) peut accéder à son dossier médical électronique à tout moment, même depuis l’étranger. Grâce aux identifiants personnels qu’il aura définis lors de son inscription, il peut se connecter en toute sécurité à son dossier pour consulter l’ensemble des documents déposés par les professionnels de santé (résultats d’analyse sanguine, prescriptions médicamenteuses, comptes-rendus d’examens médicaux, etc. ). De son côté, l’équipe soignante peut consulter l’historique des interventions, les résultats d’analyses, les rapports radiologiques, les traitements en cours, etc. Ceci sous réserve que le patient ait autorisé au préalable l’accès à ces différents documents. Un dossier de santé électronique regroupe donc des informations essentielles toujours à portée de main, qu’il n’est plus nécessaire de mémoriser et qui, par la même occasion, évitent les examens doublons et réduisent le risque d’erreurs médicales. Les prestataires de soins à domicile sont particulièrement intéressés par ce système : l’accès au dossier médical leur permet en effet d’assurer une meilleure prise en charge des patients à leur sortie de l’hôpital. Plus globalement, même si sa mise en place a un coût, un tel dispositif offre sur le long terme une économie certaine : avec une prise en charge de qualité et une équipe de prestataires mieux coordonnée, on limite les dépenses inutiles.
Un système qui ne demande qu’à s’étendre
Plus de 4 ans après son lancement dans le canton de Genève, le projet se porte bien : une enquête de satisfaction menée au début de l’année révèle en effet que 90% des patients (sur environ 1500 répondants) sont satisfaits, voire très satisfaits du dispositif MDM. Fort de ce constat, le Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé (DEAS) a renouvelé cette année son partenariat avec La Poste, qui sera ainsi chargée de fournir l’infrastructure technique de la plateforme jusqu’en 2020. Grâce à la Loi fédérale sur le dossier électronique du patient, entrée en vigueur au mois d’avril, tous les patients de l’ensemble du territoire helvétique pourront ouvrir leur dossier numérique dès la mi-2018. En outre, tous les hôpitaux suisses seront tenus de proposer ce système à leurs patients d’ici 3 ans. Les établissements médico-sociaux et les maisons de naissance disposent, quant à eux, d’un délai de 5 ans. D’un autre côté, nombreux sont les médecins qui n’ont pas encore numérisé leurs dossiers ; de ce fait, le système ne peut pas encore être rendu obligatoire pour tous. Pour faciliter l’adoption du dossier médical électronique, plusieurs séances de formation à l’utilisation du service ont déjà été organisées au cours de l’été par la Direction générale de la santé.
Quid de la sécurité des données?
Dans cette ère du tout numérique, la protection des données privées est au cœur des préoccupations. Pour accéder à un dossier, l’authentification est double : le patient saisit tout d’abord son identifiant et son mot de passe, puis reçoit un code à usage unique via SMS, qui lui permet de finaliser sa connexion. L’authentification est également possible avec la carte MDM. Si le patient peut ensuite accéder à l’ensemble des données le concernant, ce n’est pas le cas des prestataires de soins: c’est en effet au patient de définir les droits d’accès à ses données personnelles, de décider que tel praticien aura accès à telle information ou au contraire, de verrouiller l’accès à une donnée s’il le souhaite. Les transferts de données sont chiffrés et leur accès nécessite obligatoirement la carte MDM ou la carte d’assuré du patient, ainsi que la carte du professionnel de santé autorisé. Parce qu’il s’agit de gérer des informations particulièrement sensibles, des audits de sécurité sont régulièrement réalisés à Genève. Ces audits sont assurés par la fondation de droit public IRIS Genève, chargée de surveiller la plateforme MDM. Son activité est régie par la Loi sur le réseau communautaire d’informatique médicale. Elle veille notamment à la bonne organisation du réseau et valide les processus d’enregistrement et de traitement des données.
Les 5 principaux avantages du dossier médical en ligne
- Éviter les doublons
Dans le cas de maladies chroniques, où plusieurs spécialistes interviennent dans le parcours de soins, il peut arriver qu’un examen soit prescrit alors que les informations recherchées sont déjà enregistrées dans l’historique du patient. - Limiter les erreurs
Vous souffrez d’allergies et/ou d’intolérances ? Vous êtes sous traitement médicamenteux ? Tout est scrupuleusement consigné dans votre dossier électronique : la personne qui vous prend en charge sait tout de vous. - Rester informé
Un système de notifications intégré permet au patient de suivre en temps réel l’évolution de son dossier, d’être averti si un nouvel élément fait son apparition, tels que des résultats d’examen ou d’analyse. - Être acteur de sa santé
En ayant un accès permanent aux données de santé qui le concernent, un patient est bien mieux préparé aux consultations qui jalonnent son parcours de soins. Il peut anticiper ses questions, mieux formuler ses souhaits et/ou ses craintes. - Organiser sa fin de vie
Les personnes inscrites sur MonDossierMedical.ch peuvent préciser leurs directives anticipées dans leur dossier. Elles sont ainsi assurées que le personnel médical disposera de toutes les informations pour prendre les meilleures décisions.
La santé à l’heure des technologies numériques
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la cybersanté comme “l’utilisation sécurisée et économiquement avantageuse de technologies de l’information et de la communication en appui à la santé et aux domaines sanitaires”. Elle englobe ainsi de nombreux domaines tels que les dossiers de santé numériques, la télésanté, la santé mobile ou encore l’e-learning dans le secteur sanitaire. Dans la plupart des pays développés, la cybersanté investit peu à peu la sphère médicale, révolutionnant au passage le rôle des prestataires de santé. Parce qu’ils ont accès à davantage d’informations, les patients deviennent plus autonomes et profitent d’une meilleure prise en charge. Selon un rapport publié l’an dernier par l’OMS [1], le développement de l’e-santé va bon train dans la zone Europe: sur les 47 pays ayant participé à l’étude, 31 déclarent consacrer une partie de leurs fonds publics au développement de la cybersanté sur leur territoire. En outre, près de 60% des répondants disposent d’un système national de dossiers de santé électroniques. La plupart pèchent toutefois par un défaut de gouvernance et de législation pour encadrer ces données sensibles. L’étude révèle par ailleurs que de nombreuses initiatives tournent autour de la santé mobile (systèmes d’aide à la décision clinique, accès aux données, rappel de rendez-vous, etc.). Parce qu’elle permet de résoudre le problème des déserts médicaux, la télésanté est elle aussi un domaine qui tend à se développer rapidement: la téléradiologie et le monitoring à distance se placent aujourd’hui en tête des projets mis en place dans ce secteur. Ainsi, la plateforme MonDossierMedical.ch créée par le Canton de Genève en partenariat avec La Poste s’inscrit non seulement dans une stratégie nationale visant à favoriser la collaboration des services de santé, mais aussi dans un mouvement de plus grande envergure, suivi par plusieurs nations animées d’une même ambition: faciliter l’accès aux soins et améliorer leur qualité.
[1] “From innovation to implementation – e-Health in the WHO European Region” (De l’innovation à la mise en œuvre : la cybersanté dans la Région européenne de l’OMS), 2016, WHO.
Fleur Brosseau | Contenu & Cie
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