Il y a moins de 100 ans, le chercheur écossais Flemming découvrait par hasard les propriétés antibactériennes d’une moisissure connue sous le nom de penicillium notatum. C’est le début d’un des plus grands succès de la médecine moderne: les antibiotiques. Une réussite aujourd’hui remise en cause par la problématique de la résistance.
Un risque connu depuis longtemps
La capacité des bactéries à développer des mécanismes de résistance aux antibiotiques ne posait pas trop de problèmes aussi longtemps que l’industrie pharmaceutique découvrait à intervalles réguliers des nouveaux agents anti-infectieux. Or depuis une dizaine d’années, les trouvailles décisives dans ce domaine se font rares, obligeant l’OMS à tirer vigoureusement la sonnette d’alarme: «Si nous ne prenons pas des mesures d’urgence, nous entrerons bientôt dans une ère postantibiotique dans laquelle des infections courantes et de petites blessures seront à nouveau mortelles.»
Des acquis compromis
L’espérance de vie à la naissance en Suisse est une des plus élevée au monde: 83 ans, desquels environ 20 ans sont à mettre au crédit exclusif des antibiotiques. Si demain un grand nombre de bactéries devenaient résistantes à tous les antibiotiques (il en existe déjà quelques unes!), la durée de vie moyenne connaîtrait une chute spectaculaire. Toute intervention chirurgicale se transformerait en entreprise à haut risque, la moindre faiblesse du système immunitaire serait durement sanctionnée, des épidémies décimeraient la population, bref la santé publique vivrait un désastreux retour en arrière.
Comment en est-on arrivé là?
Pendant trop longtemps, les antibiotiques ont été utilisés à tort et à travers, chez l’homme comme dans l’élevage animal. Cet usage aussi inconsidéré que massif a conduit à la sélection des bactéries qui étaient résistantes «par hasard», mais qui ont eu le champ libre pour se multiplier sans concurrence.
Moins démunis qu’au Moyen-Âge!
Sans antibiotiques efficaces, la situation serait certes grave, mais pas désespérée. La médecine moderne dispose de cordes variées à son arc pour lutter contre les bactéries. En premier lieu, la connaissance approfondie de notre système immunitaire, que l’on sait de mieux en mieux soutenir par des médicaments ou des vaccins, mais aussi renforcer par des plantes et des probiotiques. Les méthodes physiques de stérilisation, comme les hautes températures ou les rayons UV, pourraient elles aussi être plus largement utilisées. Et puis les chercheurs ne manquent pas d’imagination, comme ceux qui sont parvenus à «dresser» des virus destructeurs de bactéries.
Tous concernés
La Suisse, comme le reste du monde, semble avoir enfin pris conscience de la gravité de la situation. Une stratégie nationale de l’antibiorésistance (StAR) a été adoptée par le Conseil fédéral. Celui-ci s’attaque au problème sous de multiples angles: surveillance, prévention, recherche, identification rapide des résistances, formation, coopération internationale. Sur le plan individuel, chacun peut aussi apporter sa pierre à la lutte contre l’antibiorésistance, en admettant une bonne fois pour toute que son médecin est compétent même s’il ne prescrit pas d’antibiotiques au moindre refroidissement!
Rédaction | Pharmacie Populaire
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