Environ un tiers des bébés naissent avec un risque accru d’allergies, le plus souvent envers le lait, les cacahuètes ou les œufs. Les symptômes vont de petits boutons sur la peau jusqu’à des troubles nettement plus inquiétants. D’autres réactions ne sont pas de vraies allergies, mais plutôt des phénomènes d’intolérance, comme par exemple le déficit en lactase ou l’intolérance au gluten un peu plus tard.
A part l’évitement complet de l’aliment en cause, on ne guérit pas une allergie alimentaire. Mais l’article du aha ! Centre d’Allergie Suisse laisse entrevoir des progrès à venir dans la prévention des allergies alimentaires.
Là où tout commence
Selon les connaissances scientifiques actuelles, nous pouvons tout à fait faire quelque chose pour prévenir les allergies. La recherche se concentre aussi sur la manière de les traiter. Un organe se trouve souvent au centre des réflexions : l’intestin.
Des millions de bactéries vivent dans nos intestins. Elles stimulent la digestion des aliments. La composition de la flore intestinale joue aussi un rôle dans le développement des allergies. Autrement dit: ce que nous mangeons est important pour une défense immunitaire intacte.
Prévenir plutôt que guérir?
L’enfant développe déjà sa défense immunitaire alors qu’il est encore dans le ventre de sa mère. Par le cordon ombilical, il reçoit non seulement les nutriments importants, mais entre aussi en contact avec des déclencheurs potentiels d’allergies et peut ainsi s’y préparer. L’alimentation variée et équilibrée de la future mère peut aider à réduire le risque d’allergie de l’enfant.
Après la naissance, le lait maternel stimule la croissance de la flore intestinale enfantine. L’allaitement exclusif est recommandé pendant les quatre premiers mois. Le lait maternel, qui contient notamment des allergènes, permet au système immunitaire enfantin de développer une tolérance à ces allergènes. C’est pourquoi la mère ne devrait renoncer à aucun aliment pendant l’allaitement.
Les premiers contacts du petit enfant avec les divers aliments quelques mois plus tard sont décisifs. Tandis que l’on différait auparavant l’introduction des aliments complémentaires afin de protéger le bébé le plus longtemps possible du contact avec les substances allergéniques, l’on recommande aujourd’hui de les introduire progressivement avec les bouillies à partir du cinquième mois et de n’éviter aucun aliment. Le risque ultérieur de développer une allergie est nettement réduit lorsque l’enfant a déjà mangé divers aliments à un jeune âge.
Réduire les symptômes allergiques
L’alimentation est un point important, mais les gènes ou le style de vie influencent aussi le risque d’allergies. Elles peuvent apparaître même si l’on a bien suivi toutes les recommandations alimentaires. Ceci constitue le point de départ d’une étude du Swiss Institute of Allergy and Asthma Research (SIAF) à Davos en collaboration avec CK-CARE.
Les chercheurs veulent savoir si les symptômes allergiques pourraient être améliorés en influençant la flore intestinale de manière ciblée, par exemple en administrant du butyrate. Cet acide gras à chaîne courte renforce la muqueuse intestinale et sa fonction barrière, ce qui stabilise la défense immunitaire locale. Le butyrate est une enzyme produite par des bactéries intestinales lors de la dégradation de substances végétales inutilisables – les fibres alimentaires – contenues dans l’alimentation.
Divers aliments contiennent du butyrate sous forme d’acide butyrique. Les études montrent que les enfants ayant consommé très jeunes des produits laitiers riches en butyrate, par exemple du beurre ou du yogourt, présentent un risque d’allergie nettement réduit. Dans le cadre du projet de recherche du SIAF en cours, les enfants souffrant d’une allergie alimentaire reçoivent tous les jours un milkshake avec une quantité déterminée de butyrate. Il faut encore attendre avant de savoir si l’enzyme permet effectivement de réduire les symptômes d’une allergie existante voire de réduire le risque d’allergies.
Rédaction | Pharmacie Populaire
Texte | Petra Kollbrunner,
aha! Centre d’Allergie Suisse
[layerslider id= »2″]