L’un d’entre eux aura chamboulé la planète en 2020. On peut raisonnablement espérer l’amadouer cette année, mais le coronavirus ne disparaîtra pas pour autant. Il rejoindra la longue liste de ses compères responsables de maladies hivernales, du type rhume, grippe, gastro-entérite, ou bronchiolite. En matière d’affections virales, les pharmaciens sont en première ligne pour orienter la population et répondre à ses interrogations.
De vieilles connaissances
Si les virus continuent à menacer aussi gravement l’humanité, c’est qu’ils ont une longueur d’avance: ils existent depuis des millions d’années, probablement depuis que la vie est apparue. Alors l’être humain, ils connaissent bien! Ils ont même joué un rôle central dans son évolution, au point qu’une partie des gènes humains sont d’origine virale! D’ailleurs, tous les virus ne sont pas dangereux pour l’homme, imaginez que certains coopèrent avec les médecins pour combattre les maladies génétiques ou le cancer! Et pourtant, la science, si performante aujourd’hui qu’elle s’apparente parfois à de la science-fiction, peine à développer des médicaments antiviraux efficaces.
Les virus sont très différents des bactéries
Contrairement aux bactéries, les virus ne peuvent pas se reproduire tout seuls. Ils doivent au préalable réussir à pénétrer dans une cellule vivante, en prendre le contrôle et s’y multiplier à plus ou moins grande vitesse. Pour cette raison, certains scientifiques ne considèrent pas les virus comme des organismes vivants, mais plutôt comme des «entités biologiques». Cette nécessité pour le virus de parasiter une cellule hôte explique la difficulté à le combattre: comment le mettre hors d’état de nuire sans détruire en même temps la cellule qui l’héberge? Quelques molécules y parviennent, mais avec une efficacité très limitée et d’importants effets secondaires. On se souvient de la ruée sur l’oseltamivir (TamifluR) lors de la pandémie de grippe H1N1 en 2009 et on observe que le prometteur remdesivir tarde à confirmer tout le bien que l’on attendait de lui dans le traitement de la Covid-19.
Les antibiotiques pour leur part n’ont strictement aucun effet sur les virus, car leur mode d’action se base justement sur les différences qui existent entre les bactéries et les cellules humaines.
Pourquoi l’hiver favorise-t-il les maladies virales ?
La pandémie de Covid a transformé chaque citoyen en expert en transmission de virus. On connaît désormais le danger des gouttelettes en suspension et des mains contaminées. Or l’hiver, sauf confinement, réduit drastiquement la distance sociale, que ce soit dans les magasins, les transports en commun ou chez soi. Les locaux sont également moins aérés en hiver. Il a été aussi constaté une quantité de virus dans l’air beaucoup plus élevée en hiver, d’une part parce que la plupart d’entre eux résistent mieux dans un environnement froid et humide, d’autre part en raison d’une diminution des rayons UV, ennemis des virus. Un autre aspect à prendre en compte dans la recrudescence des affections virales en hiver est la plus grande vulnérabilité de la population, due au froid, à la fatigue, au manque de lumière, ou à la sécheresse des voies respiratoires.
Le système immunitaire à la rescousse, comme toujours
Le mot virus, dont l’étymologie signifie venin, poison, laisse à penser qu’il doit exister un antidote.
Effectivement, il existe, et chacun le possède; il s’agit du système immunitaire. D’une complexité inimaginable, il dispose d’éléments capables de reconnaître les virus, d’autres chargés de les détruire, d’autres encore, dits «killers», spécialisés dans l’élimination des cellules qui ont déjà été infectées. Un vrai champ de bataille. La réaction immunitaire s’appuie aussi sur la production de médiateurs chimiques, comme l’histamine, ou les cytokines, parmi tant d’autres. La sophistication du système va jusqu’à stimuler l’intervention de facteurs de croissance dans le but d’accélérer le remplacement des cellules détruites. Face à un tel branle-bas général, on comprend qu’un organisme fatigué, ou présentant des carences, puisse voir sa réponse à l’infection plus ou moins fortement réduite. Et qu’à l’inverse, avec une immunité bien préparée, les probabilités de passer un hiver en pleine forme sont réelles.