Le décor est planté: dans le rôle du méchant, le virus; dans celui du justicier, le pharmacien; son arme, le vaccin. Le scénario s’inspire de faits réels, la prévention des maladies ayant de tout temps occupé une place privilégiée dans l’activité des pharmacies.
Le moyen le plus efficace de protéger la population
Aucune mesure de santé publique n’offre d’efficacité aussi incontestable que la vaccination. L’OMS estime que c’est l’un des investissements les plus rentables dans le domaine de la santé, avec 2 à 3 millions de décès évités chaque année. L’éradication de la variole, et la quasi disparition de la poliomyélite, de la diphtérie et du tétanos font partie des grandes victoires médicales de notre temps. Paradoxalement, les succès de la vaccination avaient effacé des mémoires la dangerosité des maladies concernées, engendrant du même coup une perte d’intérêt d’une partie de la population … jusqu’à l’arrivée du coronavirus. La pandémie a en effet au moins permis à la planète entière de prendre conscience, mais à quel prix hélas, de l’importance vitale des vaccins. Pour preuve, l’engouement de cet hiver pour la vaccination antigrippale.
Vacciner en pharmacie, une évidence
Ce n’est que depuis 2015 que les pharmacies de Suisse sont autorisées à procéder aux injections. En Europe, auparavant, seuls l’Angleterre, le Portugal et l’Irlande avaient franchi le pas. Pour le plus grand bénéfice de ces pays, qui ont tous vu leur couverture vaccinale s’accroître sensiblement. En 2019, les officines suisses ont procédé à 35’000 vaccinations contre la grippe et plus de 40’000 contre l’encéphalite à tiques (FSME). Il faut dire que la vaccination en pharmacie cumule les avantages pour le public. La proximité, les horaires, l’accès sans rendez-vous à un professionnel de la santé, la qualité des prestations, la modicité des coûts, tout cela explique le haut degré de satisfaction des utilisateurs de ce service.
Un droit chèrement acquis
Les pharmaciens ne sont autorisés à vacciner que s’ils ont suivi une formation très pointue, c’est le cas de dire, au cours de laquelle ils acquièrent non seulement la maîtrise des techniques d’injection, mais également une solide base théorique ainsi que les connaissances de premiers secours spécifiques. Une obligation de formation continue tous les deux ans au minimum est exigée pour conserver le droit de vacciner. Avec en sus des locaux et équipements soumis à approbation cantonale, le maximum a été mis en œuvre pour garantir des conditions de sécurité optimales. Initialement limitées à la grippe dans le canton de Genève, les vaccinations FSME et ROR (rougeole-oreillons-rubéole) peuvent désormais également être pratiquées en pharmacie.
Thermosensibles s’abstenir !
La fine aiguille qui traverse la peau pour y injecter le précieux contenu de la seringue n’est que la pointe de l’iceberg. Le vaccin a auparavant dû franchir les interminables étapes de sa production et de sa fabrication, réussir les contrôles de qualité, et se lancer dans un long périple en affrontant les contraintes de la chaîne du froid. Pour garantir que les exigences de conservation des vaccins soient respectées jusqu’au destinataire final, tous les acteurs, transporteurs, grossistes, et bien sûr pharmaciens, oeuvrent de concert. Dans les officines, les produits soumis à la chaîne du froid sont traités en priorité et stockés dans des armoires réfrigérantes spécialement conçues à cet effet.
Information, sensibilisation et conseils personnalisés
La vaccination souffre, on l’a dit, de ses succès, mais aussi, parfois, de préjugés liés à un manque d’information. Le professionnel de santé qu’est le pharmacien occupe une place privilégiée pour répondre aux nombreuses interrogations soulevées par la vaccination. Ouvert au débat, il abordera volontiers les questions de l’efficacité, de la sécurité, des effets secondaires, des coûts, en se basant sur des faits. Bien sûr, il ne pourra pas s’empêcher de souligner que se vacciner procède d’une démarche altruiste, puisqu’elle confère une protection à l’ensemble de la population, en plus des bénéfices personnels. Sur le plan administratif, on constate que la plupart des personnes dites «majeures et vaccinées» n’ont aucune idée de leur statut vaccinal. Là encore, le pharmacien peut aider à y voir plus clair en retranscrivant le carnet de vaccination sur le site www.mesvaccins.ch. D’éventuelles lacunes seront alors automatiquement identifiées, comme le tétanos, avec également la possibilité de programmer des rappels pour les prochaines échéances.