Dans les mois et les années suivant la naissance, les enfants entrent peu à peu en relation avec le monde qui les entoure. La période est propice aux rencontres, y compris avec toutes sortes de microbes, contre lesquels le système immunitaire immature des tout-petits n’est pas encore en mesure de se défendre efficacement.
Les maladies les plus fréquentes
Les affections de la petite enfance se comptent par dizaines. Quelques-unes, le plus souvent d’origine virale, sont plus répandues, car très contagieuses. Le virus de la varicelle par exemple, a un taux de reproduction (R0) de 10 à 12, ce qui signifie qu’un enfant contagieux va en contaminer 10 à 12 autres ! Ainsi, quasi toute la population l’attrapera à un moment ou à un autre avant l’adolescence, heureusement sans conséquence la plupart du temps. En revanche, si l’on a la «malchance» de ne pas l’attraper, il est recommandé de se faire vacciner contre la varicelle entre 11 et 15 ans, car le risque de complications graves grimpe en flèche si la maladie survient à l’âge adulte.
Outre les incontournables otites et rhinopharyngites, les principales autres affections virales de l’enfance sont la rougeole (de loin la plus contagieuse, avec un R0 jusqu’à 20 !), les oreillons et la rubéole. Contrairement à la varicelle, les risques de séquelles graves liées à ces trois dernières maladies nécessitent une prévention vaccinale.
Si les virus se taillent la part du lion dans les maladies infantiles, les bactéries ne sont pas en reste, avec la scarlatine, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche ou certaines méningites. Les bactéries aiment aussi à profiter d’un organisme affaibli pour développer une surinfection.
Reconnaître la «signature» du microbe
La peau du jeune enfant occupe, proportionnellement au poids, une surface trois fois plus importante que chez l’adulte, et ses fonctions sont encore imparfaites. Elle constitue un terrain de développement idéal pour les maladies infantiles infectieuses, chacune avec son «style» personnel. La roséole dessine des petits boutons rosés sur le torse, la varicelle sème ses vésicules typiques remplies de liquide, la rougeole prend son temps, se fait d’abord passer pour un rhume ou une conjonctivite, puis se décide à maculer les joues, l’arrière des oreilles, puis l’ensemble du corps de plaques rouges foncées. La scarlatine, elle, exprime sa créativité dans la bouche, en enflammant les amygdales et en donnant à la langue une allure de framboise.
Comment réagir ?
Les urgences réelles dues à une maladie infantile sont heureusement plutôt rares, c’est pourquoi il n’est pas aisé de les repérer. Avant de se précipiter à l’hôpital sous le coup de la panique, il vaut mieux prendre quelques minutes pour faire le point, en essayant par exemple de joindre un médecin par téléphone. On évitera ainsi d’exposer son enfant à d’autres microbes ou de surcharger les services d’urgence.
Voici néanmoins quelques signaux d’alarme (parmi d’autres) qui imposent de consulter immédiatement son pédiatre ou les urgences pédiatriques :
– Fièvre supérieure à 38,5° si accompagnée de douleurs, de vomissements, ou d’un comportement inhabituel (apathie, pleurs continus, …). Chez un nourrisson de moins de 3 mois, une consultation est nécessaire lors de fièvre, même sans autre symptôme.
– Difficulté à respirer
– Petits points rouges-violets sur la peau qui s’étendent rapidement
– Diarrhées ou vomissements persistants
Mieux vaut prévenir quand on ne peut pas guérir
La prise en charge des maladies infantiles provoquées par des virus est avant tout symptomatique, mais sans grande efficacité pour prévenir les complications, qui rappelons-le, sont parfois gravissimes. Le meilleur moyen de protéger ses enfants reste donc la vaccination.
En complément, le principe des «gestes-barrière» peut être adapté aux jeunes et très jeunes enfants. On peut empêcher de nombreuses contaminations en se lavant et en leur lavant les mains, en nettoyant les surfaces et les objets qu’ils touchent, en aérant les locaux où ils séjournent, en leur nettoyant régulièrement les narines avec du sérum physiologique, etc.
Autres pathologies infantiles
Les nourrissons et les jeunes enfants ne rencontrent pas que des problèmes infectieux. Au cours de leur développement, de fréquents dysfonctionnements surviennent, accompagnés de manifestations d’une impressionnante variété : dermatoses, allergies, douleurs, fièvre, symptômes digestifs, respiratoires ou ORL. Le pharmacien s’inscrit là aussi dans une démarche d’écoute, de tri, et de conseils aux jeunes parents. Il saura tout naturellement juger si la situation nécessite une consultation médicale, et si oui dans quel degré d’urgence, ou si au contraire la prise en charge peut être réalisée directement à la pharmacie.
Commencer la diversification
Mon bébé a bientôt 6 mois. Avec l’introduction progressive de nourriture « solide », bébé va découvrir un monde de saveurs et de textures inédites. Quelles sont les règles pour faire de cette étape charnière une réussite ?
Quand bébé comprend que manger, c’est s’affirmer !
Première cuillérée de carottes, première bouchée de céréales… vous trouvez ça anecdotique ? Pour bébé, c’est une révolution ! Habitué jusque-là au lait maternel ou infantile, il ne se posait aucune question.
Pourtant, grâce à toutes ces nouvelles saveurs, ces nouvelles consistances, bébé comprend petit à petit qu’il a un pouvoir de décision («j’aime» / «je n’aime pas»), qu’il a une personnalité. Il comprend vite qu’il peut dire «je» par l’alimentation. D’ailleurs les aliments qu’il préfère seront souvent ses préférés à l’âge adulte ! Par conséquent, la diversification est une étape essentielle vers une nouvelle autonomie. Elle marque vraiment pour lui l’entrée dans le monde des grands.
Après la découverte du «je», bébé comprend aussi qu’il existe un «jeu» alimentaire. D’abord passif au biberon, bébé devient acteur. Il interagit avec son entourage lors des repas (eh oui, il est désormais à table, comme un grand, c’est une sacrée révolution !): «PABON», «popote», «gaaateau»… sont les premiers mots qu’il commence à dire, concurrençant même le premier «môôman» ! Les petits rituels s’installent au fur et à mesure, et vous faites preuve d’une montagne d’imagination pour le faire manger : «vrrrrr l’avion tourne, tourne», «vroum… la petite voiture rentre au garage»… Et quand vous avez laissé bébé la première fois manger avec les doigts: le tableau d’un bébé maculé de purée de légumes vous a fait beaucoup rire ! Lui était aux anges !
Que c’est bon de manger !
Manger est avant tout un plaisir, le premier plaisir que bébé éprouve. D’abord au corps à corps avec sa maman, il éprouve un sentiment de sécurité et une émotion de bonheur intense lors de la tétée. Ensuite lors de la diversification, les grimaces de surprise devant votre purée de petits pois concoctée avec amour ou les mimiques de plaisir en dégustant goulûment le petit pot pomme / banane… Que d’émotions !
Vient enfin la joie de trôner sur sa chaise haute autour de la table familiale. Centre de l’attention, bébé fait le pitre, fait rire tout le monde et grand-maman n’a d’yeux que pour lui… jusqu’au jet de purée fatal qui traverse toute la tablée. Pas grave, bébé apprend que maintenant, il fait partie d’une tribu ! Et il compte bien tenir sa place !
Sa première cuillère
Pour toutes ces raisons, la première cuillère est un moment à part. À vous de le préparer avec soin : achetez-lui une cuillère spéciale – en plastique (et pas en métal) pour que la matière soit plus agréable pour les gencives sensibles – et mettez Bébé à table pour la première fois. Et prenez une photo ! Bon, parfois, cette grande première est un échec…
Bébé ne fait que téter la cuillère ? S’il comprend qu’il peut la mettre dans la bouche, c’est gagné. Les bébés gourmands sont parfois plus impatients de manger et refusent parfois la cuillère. Bébé ferme sa bouche à triple tours ? Pas grave, recommencez plus tard.
PABON, PABON, PABON
Malgré tous vos efforts et toute votre imagination pour nourrir Bébé, il arrive parfois que vous vous heurtiez à un refus catégorique. C’est ce qu’on appelle la néophobie alimentaire, ou l’aversion pour tel ou tel aliment nouveau. Elle commence généralement à l’âge de 2 ans pour être à son summum entre 4 et 7 ans. Moyen de s’affirmer, goût personnel de l’enfant, méfiance par rapport à ce qui est nouveau… autant de raisons qui font qu’un aliment est sur liste noire. Sachez que plus les nouveaux aliments sont introduits avant l’âge de 2 ans, moins les risques de néophobie existent. Donc stimulez le goût de votre bébé dès le début de la diversification. Et les brocolis deviendront pour lui aussi bons qu’un gâteau !
Le début de la diversification, c’est au plus tôt dès le 5ème mois et au plus tard dès le 7ème mois. Pour commencer la diversification, on attend les 4 mois révolus de bébé de façon à ce que son organisme soit assez développé pour bien accepter et digérer d’autres aliments que le lait. Ensuite, c’est vraiment une histoire personnelle, chaque bébé réagit à sa manière. Certains montreront tôt un intérêt pour la table familiale, pour les aliments, d’autres seront plus timides. À chacun son rythme. De toute façon, au départ, le lait maternel ou infantile reste la base de l’alimentation de bébé (au moins 500 ml par jour).
Première consigne importante, n’introduisez qu’un seul nouvel aliment à la fois ! Il est recommandé d’introduire les aliments encore pendant la période d’allaitement, car le processus peut prendre plusieurs semaines. Votre bébé aura donc le temps de s’adapter au changement de quantité de lait, sans que son système digestif soit surchargé.
Pour commencer cette nouvelle étape, le repas de midi est le moment idéal. Prenez votre temps et proposez à Bébé quelques cuillères de purée bien lisse avant de lui donner son lait habituel. Une fois qu’il accepte bien le repas à la cuillère, augmentez progressivement les quantités et remplacez un repas de lait par un repas solide par jour. Attendez environ un mois avant d’introduire un 2ème repas solide par jour à la place du lait.
Les nouvelles connaissances en matière d’alimentation infantile montrent qu’il n’y a pas d’aliment à éviter en particulier, ou à introduire plus tardivement. Cela n’évite pas les allergies. Vous pouvez donc commencer et poursuivre la diversification avec les aliments de votre choix. Nous vous conseillons de commencer progressivement avec des céréales, riches en amidon, donc en énergie d’absorption lente (par exemple : riz).
Il est également recommandé d’introduire progressivement du gluten pendant la période d’allaitement. Il y en a dans le pain, les céréales infantiles, les biscuits, ou les pâtes. Cela aide à éviter une intolérance au gluten plus tard.