Comme chaque année, l’événement Movember est l’occasion de faire le point sur les recherches dédiées aux maladies typiquement masculines. C’est également l’opportunité de lever certains tabous – de nombreux hommes n’osant tout simplement pas aborder le sujet avec leur médecin, ni avec leurs proches.
Sur le plan de la santé, hommes et femmes sont sur un pied d’égalité. Ils ne sont en revanche pas menacés par les mêmes pathologies – en particulier celles liées à l’appareil uro-génital, évidemment. Les hommes, davantage que les femmes, ont malheureusement du mal à faire part de leurs craintes, à montrer leurs faiblesses, ce qui peut conduire à des diagnostics tardifs réduisant, dans les cas les plus graves, les chances de guérison.
Un sujet difficile à aborder
Si le cancer du sein est le plus courant dans le monde, le cancer de la prostate se place tout de même au 4e rang du classement (en nombre de cas recensés), avec plus d’1,4 million de cas chaque année dans le monde. C’est le cancer le plus fréquent chez l’homme. On dénombre environ 6’600 nouveaux cas chaque année en Suisse. Il survient dans la plupart des cas après 65 ans. Ce cancer évolue lentement et demeure longtemps asymptomatique, c’est pourquoi il est vivement conseillé de parler à son médecin dès les premiers signes. Lorsque la tumeur comprime l’urètre, s’ensuivent de fréquentes envies d’uriner, des difficultés et des douleurs à la miction ou un besoin de «pousser». Pour confirmer le diagnostic, le médecin effectue généralement un toucher rectal dans le but de palper la prostate afin d’y détecter d’éventuelles irrégularités. Une analyse de sang est également prescrite afin d’évaluer le taux de PSA (Prostate Specific Antigen) dans le sang. Aborder les sensations ressenties à la miction – tout comme la perspective de l’examen peu agréable qui peut suivre – est toutefois difficile pour de nombreux hommes.
Tout aussi délicat à évoquer, le cancer du testicule touche majoritairement des hommes jeunes (80% des patients ont moins de
50 ans au moment du diagnostic); c’est le cancer de l’homme le plus fréquent entre 20 et 35 ans. Un testicule enflé ou plus volumineux, la présence d’un nodule, un tiraillement ou une sensation de «lourdeur» doivent alerter. À savoir que ce cancer se guérit très bien, même à un stade avancé.
La ménopause au masculin
Vers l’âge de 50 ans, les femmes arrivent au terme de leur période reproductive, ce que l’on appelle communément la ménopause. Cette étape s’accompagne d’un arrêt des sécrétions hormonales (œstrogènes et progestérone). Ce que l’on sait moins, c’est que certains hommes peuvent traverser un trouble similaire. Parfois nommé «andropause», le phénomène se manifeste non pas par l’arrêt, mais par une diminution des hormones androgènes (en particulier la testostérone). Il peut survenir à tout âge dès 50 ans. Une baisse de libido, des érections moins rigides et moins fréquentes ou une fatigue inhabituelle peuvent être d’autres symptômes de l’andropause. À l’instar de ce que l’on observe chez les femmes ménopausées, les hommes concernés peuvent également présenter de troubles de l’humeur (irritabilité, dépression, etc.) et des troubles du sommeil. C’est également à ce moment-là que l’on peut observer une nette perte de masse musculaire et une augmentation du tour de taille – un changement de morphologie parfois difficile à accepter. À retenir que tous les hommes ne font pas systématiquement face à ce trouble, mais en cas de doute, mieux vaut en parler à son médecin. Un traitement à base de testostérone permet généralement de soulager les symptômes d’ordre sexuel et psychique; en parallèle, il est conseillé d’adopter une meilleure hygiène de vie, en surveillant en particulier son alimentation pour limiter la prise de poids.
Un mal-être (trop) longtemps dissimulé
Cancers, changements hormonaux… Les hommes ne sont pas non plus épargnés par les problèmes de santé mentale. Selon le rapport 2020 de l’Observatoire suisse de la santé, les femmes sont en moins bonne santé psychique que les hommes, mais ces derniers se suicident plus souvent. Une différence qui s’explique peut-être par le fait qu’en cas de troubles anxieux ou dépressifs, les hommes sont généralement moins enclins à recourir aux soins psychiatriques ou psychothérapeutiques. Les troubles mentaux liés à l’alcool et aux addictions sont également plus répandus chez les hommes. Le document précise par ailleurs que la part de personnes présentant des symptômes dépressifs de gravité moyenne à sévère a doublé entre 2012 et 2017, parmi les jeunes hommes de 16 à 20 ans. À noter que si la dépression affiche pour le moment une légère prévalence féminine, ce n’est pas le cas de certains troubles innés, tels que les troubles du spectre de l’autisme (TSA) ou le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH): tous deux concernent majoritairement les garçons.
En résumé, aucun sexe n’est mieux loti que l’autre. Pourtant, il apparaît que la population est souvent moins bien informée sur les maladies masculines et que la santé des hommes se dégrade. Le mouvement Movember peut changer la donne.