Les coûts dans l’assurance obligatoire des soins n’ont jamais augmenté aussi fortement depuis des années. Conséquence: les primes affichent une hausse de 6,6% en moyenne cette année et ce, dans l’ensemble des cantons (+4,7% pour Genève). Cette augmentation est essentiellement due aux coûts engendrés par la pandémie de COVID-19, mais pas uniquement. Combinée à l’inflation, elle pourrait plonger de nombreuses personnes dans la précarité.
Le pouvoir d’achat de la population suisse est sérieusement impacté par la crise énergétique. L’augmentation des primes maladie ne va pas arranger les choses: les cantons de Neuchâtel, du Tessin et d’Appenzell Rhodes-Intérieures doivent s’attendre à passer la barre des 9% d’augmentation. Dans le Jura, la hausse dépasse la moyenne pour culminer à 7,9% (il s’agit de la deuxième hausse la plus forte des cantons romands, derrière Neuchâtel). Dans ce contexte difficile, Pharmacie Populaire s’engage à soutenir ses patients en proposant des médicaments génériques, moins onéreux.
Une hausse qui découle de plusieurs facteurs
C’est mathématique: les primes doivent permettre de couvrir les coûts. De 2016 à 2020, les caisses ont perçu des primes supérieures aux coûts – ce qui leur a permis de constituer des réserves «confortables», qui se chiffraient à plus de 12 milliards de francs fin 2020. La tendance s’est toutefois inversée ces deux dernières années, et pas seulement à cause de la pandémie. «Rien qu’en 2021, les coûts de santé ont augmenté de 6,4% par personne assurée», rapporte SantéSuisse. Les primes, quant à elles, sont restées relativement stables; elles ne permettent plus aujourd’hui de couvrir les coûts. Les causes sont multiples, à commencer par une offre de soins jugée excessive par les assureurs, selon les cantons. En 2021, la Suisse comptait plus de 39’200 médecins, dont 53% dans le secteur ambulatoire. En matière de densité, les cantons de Genève et de Bâle-Ville – qui ont les primes mensuelles moyennes les plus élevées, de 499,60 CHF et 493,60 CHF respectivement – affichent plus du double de la moyenne nationale, avec respectivement 51 et 45 médecins pour 10’000 habitants.
L’effet boomerang de la pandémie
Le tiers payant est peut-être en partie responsable de la hausse: les patients n’ayant pas à s’acquitter directement des frais liés à leurs soins – ceux-ci étant généralement pris en charge par l’assureur – ils ne cherchent pas spécialement à les limiter. Enfin, on assiste également à «l’effet boomerang» de la pandémie de COVID-19 : en 2020, de nombreuses interventions jugées non urgentes ont été reportées; ainsi, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les coûts de la santé n’ont pas augmenté cette année-là (et n’ont que peu augmenté au premier semestre 2021). De ce fait, les primes n’ont quasiment pas augmenté en 2021 (+0,3% en moyenne). Malheureusement, les coûts, eux, ont augmenté brusquement dès la fin de 2021 (+4,5% selon l’OFSP), ainsi que tout au long du premier semestre 2022, de par le «rattrapage» des interventions reportées. Or, les primes 2022 avaient été calculées en tenant compte des réserves (et affichaient une baisse de 0,2% en moyenne). Résultat: les primes payées en 2021 et 2022 se sont révélées insuffisantes pour couvrir les coûts.
Une analyse trop simpliste
Justifier la hausse des primes par l’augmentation des coûts est toutefois «un peu simpliste», du point de vue de Mauro Poggia, conseiller d’État chargé de la santé, qui souligne que le système de santé est «un clapet à sens unique» (en cas d’excédents, le trop perçu n’étant pas reversé aux assurés). Dans un interview accordée fin septembre à Radio Lac, il déplore que l’utilisation des réserves engrangées par les assureurs – qui sont calculées non pas au niveau cantonal, mais au niveau fédéral – ne soient pas clairement détaillée. «Ces réserves sont peu utilisées pour les coups durs, alors qu’elles nous étaient présentées comme telles», a-t-il déclaré.
Finalement, les primes maladie représenteront cette année jusqu’à 27% du revenu des ménages (selon les cantons) et beaucoup se préparent à une détérioration de leur situation financière. La population attend aujourd’hui des mesures concrètes pour réduire cette charge. Un sondage en ligne a révélé que la grande majorité des personnes interrogées souhaiterait notamment rendre obligatoire la délivrance de médicaments génériques.