Chaque année, en automne-hiver, entre 2000 et 3000 enfants de moins d’un an sont hospitalisés en Suisse en raison d’une bronchiolite. Cette infection des voies respiratoires est le plus souvent due au virus respiratoire syncytial. Elle peut entraîner de graves complications, notamment chez les bébés de moins de trois mois. Depuis le mois d’octobre 2024, un nouveau traitement préventif est disponible sur le territoire helvétique.
La bronchiolite est une infection virale
aiguë, qui touche les voies respiratoires inférieures. Elle est généralement causée par le virus respiratoire syncytial (VRS), mais d’autres virus respiratoires peuvent également en être responsables, comme les rhinovirus et les virus de la grippe. Au départ, les symptômes sont le plus souvent bénins, de type rhume (nez qui coule, toux et fièvre modérée). Mais chez les tout-petits, l’infection peut évoluer en bronchiolite chez 15 à 20% des patients. Les cas les plus sévères nécessitent une hospitalisation.
Des hôpitaux sous tension chaque hiver
En effet, l’inflammation inhérente à la maladie peut boucher les petites bronches et provoquer des difficultés à respirer chez les bébés. En outre, l’alimentation devient difficile, car l’enfant est rapidement essoufflé. Ces complications nécessitent une hospitalisation d’urgence. Le VRS est malheureusement très contagieux; il se transmet par les gouttelettes de salive ou à partir d’objets ou de surfaces contaminés. La période de contagiosité commence un jour avant l’apparition des symptômes et dure de trois à huit jours. C’est pourquoi, chaque hiver, les hôpitaux suisses sont sous tension. Les services pédiatriques sont submergés par le nombre de nourrissons en détresse respiratoire. Les enfants de moins de 12 mois, et en particulier les moins de trois mois, sont les plus à risque. Mais cette saison, l’arrivée d’un nouveau traitement change la donne: disponible depuis le mois d’octobre, le nirsevimab (Beyfortus®) permet d’immuniser les tout-petits contre le VRS. Jusqu’à présent, quelque 100’000 enfants étaient infectés par le VRS chaque hiver. Cette année, des dizaines de milliers d’enfants ont évité et éviteront l’infection.
Pas un vaccin, mais un médicament préventif
Le Beyfortus®, développé par le laboratoire Sanofi, a été autorisé en décembre 2023 par Swissmedic. Il est désormais proposé par les maternités et les cabinets de pédiatrie à tous les nourrissons pendant leur première saison d’exposition au VRS. Ce traitement consiste en une immunisation dite «passive». On injecte des anticorps monoclonaux, capables de neutraliser le virus dès qu’il pénètre dans l’organisme. L’immunité est immédiate, mais temporaire. Le Beyfortus® est conçu pour protéger l’enfant durant tout l’hiver. Cette approche est donc à différencier des vaccins, qui eux, reposent sur l’immunisation «active»: on incite le système immunitaire à produire des anticorps contre un antigène bien particulier. Il faut plusieurs jours à l’organisme pour produire ces anticorps, mais la protection est durable.
Une efficacité prouvée
Le Beyfortus® a déjà été administré aux États-Unis, en Espagne, en France et au Luxembourg durant la seconde partie de l’hiver dernier. Il a été autorisé par l’Agence européenne des médicaments en octobre 2022. La France a lancé une campagne nationale de prévention en septembre 2023. Une étude clinique internationale menée auprès de plus de 8000 nourrissons français, allemands et anglais, a montré que le Beyfortus® confère une protection contre l’hospitalisation pour une infection des voies respiratoires inférieures associée au VRS avec une efficacité de 83%. De plus, le traitement a protégé les nourrissons d’une infection très grave liée à ce virus avec une efficacité de près de 76%. Deux études françaises, menées par l’Institut Pasteur et Santé publique France, ont confirmé l’impact positif du Beyfortus®, avec une efficacité en condition réelle estimée entre 76% et 81% sur la prévention des cas graves. Le médicament est très bien toléré et les effets indésirables sont très rares. «Le nirsevimab semble pouvoir occuper une place significative dans l’arsenal thérapeutique de prévention des infections à VRS», ont conclu les chercheurs. Le prix du médicament et les frais d’administration sont pris en charge par la caisse d’assurance-maladie. En parallèle de ce traitement, il est essentiel d’appliquer les mesures préventives habituelles à savoir: se laver les mains avant de s’occuper de son bébé, porter un masque en cas de rhume, éviter les contacts avec la fratrie si celle-ci présente des signes d’infection virale, puis limiter les rencontres de famille et la fréquentation des lieux publics.