MétéoSuisse gère le réseau national de mesure du pollen depuis plusieurs décennies. Les données recueillies permettent d’estimer la quantité et la nature des pollens présents dans l’air. Les personnes allergiques peuvent ainsi prendre des mesures préventives pour limiter leurs symptômes. Ce suivi, année après année, met également en évidence les effets du changement climatique sur la floraison.
La saison pollinique a toujours été dépendante des conditions météorologiques. Les températures, les précipitations, le vent influent les schémas de production et de dispersion des pollens. Le changement climatique actuel ne fait qu’exacerber ces effets, avec des conséquences à la fois sur la santé des populations et sur les écosystèmes.
Plus de pollens, plus longtemps
La hausse des températures provoquée par le réchauffement global de la planète entraîne des saisons polliniques plus précoces. Non seulement les pollens se dispersent plus tôt, mais certains sont produits en plus grande quantité. En effet, certains arbres et herbes produisent davantage de pollens en raison de niveaux accrus en CO2 (dioxyde de carbone) et de températures globalement plus douces. Le réchauffement climatique est par ailleurs responsable de l’allongement des saisons polliniques. Les personnes allergiques présentent ainsi des symptômes plus tôt dans l’année et sur une plus longue période. Les allergologues sont de plus en plus sollicités: l’augmentation de la quantité de pollen, combinée à des saisons plus longues, provoque en effet une hausse des allergies saisonnières au sein de la population. Le Centre d’Allergie Suisse estime qu’une personne sur cinq est allergique au pollen aujourd’hui, contre une sur 100, il y a 100 ans!
Une distribution géographique différente
Un autre aspect peut expliquer le nombre croissant d’allergiques aux pollens. À mesure que les températures deviennent plus chaudes, certaines espèces végétales migrent vers des latitudes ou altitudes plus élevées. Cela peut entraîner l’apparition de nouveaux types de pollens dans des régions où ils n’étaient pas présents auparavant, affectant ainsi de nouvelles populations. En outre, il se pourrait que le changement climatique ait modifié le régime des vents, influençant la dispersion et la concentration des pollens. Un vent fort peut transporter du pollen très loin de la zone où il a été émis. Cependant, il n’existe pas à ce jour de consensus scientifique clair concernant l’effet du changement climatique sur l’évolution de la fréquence et de l’intensité des vents. Dans son 6e rapport, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) lui-même reconnaît que les données disponibles ne permettent pas d’établir un lien avec certitude.
Un début de saison «normal» pour 2025
Comme chaque année, c’est le pollen de noisetier qui a ouvert le bal. Des températures plus douces et un soupçon de soleil ont suffi à déclencher sa libération dès la dernière semaine de janvier. C’est un début de saison plutôt «normal», selon Roxane Guillod, coresponsable des services spécialisés de aha! Centre d’Allergie Suisse. Il y a deux ans, la saison pollinique a commencé particulièrement tôt. En 2024, elle s’est faite plus tardive. Mais cette année, grâce aux températures très froides de janvier qui ont empêché la floraison précoce des noisetiers, le calendrier habituel est respecté. Et nous voici aujourd’hui en avril, un mois particulièrement redouté des personnes allergiques aux pollens. C’est en effet le mois de l’année où se trouvent, en moyenne, le plus de pollens différents dans l’atmosphère et à de fortes concentrations. Parmi les espèces prédominantes ce mois-ci: le bouleau, le frêne, le platane, le chêne et le hêtre. Si les pollens de graminées commencent eux aussi à se disperser doucement dans certaines régions, ils n’atteindront leur pic qu’en mai/juin.
Une affection à prendre au sérieux
L’allergie au pollen n’est pas une maladie anodine. Non traitée, elle peut entraîner de l’asthme. Différents médicaments existent (antihistaminiques, corticoïdes, stabilisateurs de mastocytes, etc.) sous forme de spray nasal, de collyre ou de comprimés. Demandez conseil à votre médecin ou votre pharmacien. En parallèle, quelques mesures préventives, à mettre en œuvre au quotidien, permettent d’atténuer les symptômes. Cela inclut par exemple d’aérer son logement de façon très brève (de préférence le matin), de se laver les cheveux le soir pour éliminer les pollens qui s’y seraient déposés, de faire sécher son linge à l’intérieur, de ne pas ôter ses vêtements dans la chambre à coucher, ou encore de porter des lunettes de soleil à l’extérieur. Il est par ailleurs recommandé de suivre l’évolution des concentrations de pollens sur le site pollenetallergie.ch ou l’application Pollen-News.