C’est la journée internationale du 5 mai qui est dévolue depuis 2009 à la thématique de l’hygiène des mains. L’occasion de rappeler ici combien la Suisse est au centre du sujet et pourquoi.
En 2020, déclarée année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier par l’OMS, la journée mondiale de l’hygiène des mains a mis l’accent sur «les soins propres» et sur le rôle central joué par les infirmiers et les sages-femmes dans ce domaine. Généralement marqué par des animations destinées à sensibiliser le personnel soignant et le grand public, ce 5 mai 2020 a été très discret du fait de la pandémie. Pourtant, la Suisse est bien au cœur de ce thème.
Rappel historique: le Geneva Model
Le Pr Didier Pittet a développé dès 1995 le Geneva Model. Méthode de désinfection des mains avec une solution hydroalcoolique, elle repose sur une sensibilisation du personnel de la santé. A l’origine, cette approche était exclusivement destinée au personnel hospitalier et a été très loin de convaincre et de fédérer la communauté des soignants. Tout a changé en 2000 avec la publication d’un article dans le prestigieux journal The Lancet. Cette étude démontrait que les infections liées aux soins avaient été divisées par deux aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) suite à l’application de cette méthode. Et c’est la consécration du milieu médical pour le Geneva Model! Le concernant, le Pr Pittet rend souvent hommage au médecin hongrois Ignace Philippe Semmelweis (1818-1865). Cet obstétricien avait déjà démontré à son époque l’utilité de se laver les mains après une dissection, et avant d’effectuer un accouchement. Ce précurseur, rejeté par ses confrères, sombra dans la folie et mourut de septicémie après s’être blessé avec un scalpel en 1867. Le destin est cruellement ironique!
L’hygiène moderne: un patrimoine suisse?
Le Geneva Model est lancé au niveau mondial en 2005 et l’OMS s’est servi de ce modèle sanitaire pour l’imposer comme méthode généralisée de sécurité des soins proposée aux hôpitaux à l’échelle quasi internationale de façon simultanée. C’était la caution dont elle avait besoin pour ce faire. Le Pr Pittet a été anobli par la reine d’Angleterre en 2007 pour «services rendus» à la santé. Devenu ambassadeur de l’hygiène des mains à l’OMS, l’épidémiologiste genevois partage cependant la recette de son succès, la fameuse solution hydroalcoolique, avec William Griffiths, pharmacien aux HUG. Ce dernier a dû tester de nombreuses formules avant de trouver celle qui désinfecte sans irriter la peau. Le mode d’emploi a été offert à l’OMS. Il ne peut pas être breveté.
Que contient la solution hydroalcoolique?
Juste de l’alcool, de l’eau et de la glycérine… rien d’autre? Si, il y a parfois ajout d’un agent émollient, d’un agent moussant, d’un colorant et/ou d’un parfum. Mais attention, certaines solutions hydroalcooliques vendues dans le commerce contiennent trop peu d’alcool pour être efficaces. Pour un effet virucide, le produit doit contenir au minimum 60 à 80% d’alcool (éthanol, propane-1-ol ou n-propanol, propane-2-ol ou isopropanol). Afin d’éviter les mauvaises surprises, privilégiez l’achat en pharmacie et en cas de doute, demandez conseil à votre pharmacien!
Hors de votre domicile, faites en sorte d’avoir toujours un flacon de solution hydroalcoolique sur vous. Il peut en effet arriver que certains magasins et autres lieux publics n’aient pas (ou plus) de produit désinfectant à disposition. Or, la désinfection régulière des mains est un pilier de la lutte contre la pandémie de COVID-19, au même titre que le masque et la distanciation physique (le virus peut vivre plusieurs heures sur la peau). Lorsque vous êtes à votre domicile, en revanche, vous pouvez troquer votre flacon contre de l’eau et du savon, tout simplement: s’il est bien pratiqué (pendant 40 à 60 secondes), ce lavage des mains est tout aussi efficace contre les virus et bactéries. Et ceci vous permettra de réserver le précieux produit alcoolisé pour vos déplacements divers.