Certaines situations ou certaines maladies nécessitent la consultation d’un spécialiste des poumons et des voies respiratoires, il s’agit du pneumologue. Il est notamment habilité à effectuer des tests pour déterminer les fonctions pulmonaires.
Pneumologue installé en ville à Genève, le Dr. Dobrynski a accepté de répondre à nos questions en se focalisant sur trois pathologies fréquemment rencontrées au cabinet : l’asthme, la BPCO et le syndrome des apnées du sommeil.
Pharmacie Populaire : Qu’est-ce que l’asthme ?
Dr Dobrynski : L’asthme est une maladie infl ammatoire chronique des voies aériennes. Celles-ci sont hyperréactives, elles deviennent obstruées et les débits aériens sont limités, en réponse à divers facteurs comme des infections ou des allergènes. Il existe deux formes d’asthme : extrinsèque (atopique) et intrinsèque (non atopique). L’asthme extrinsèque est la forme dite allergique, qui touche 80% des asthmatiques jeunes, alors que la forme intrinsèque est la forme non allergique, d’apparition plus tardive et qui touche 90% des asthmatiques âgés de plus de 60 ans.
Quelle proportion de la population est atteinte par cette maladie ?
300 millions de personnes dans le monde présentent un asthme et on estime que d’ici 2025 on passera à 400 millions. En Suisse, cette maladie touche environ 7% de la population et les nouveaux cas d’asthme sont en augmentation depuis ces 20 dernières années. Il est possible d’expliquer cette hausse par l’augmentation des allergies, notamment chez les enfants. On sait aussi que la population habitant en milieu urbain est plus touchée que celle habitant dans un milieu rural, ce qui laisse supposer qu’il y a des facteurs qui se retrouvent dans le milieu urbain qui pourraient favoriser le développement d’un asthme.
Comment pose-t-on le diagnostic d’asthme ?
Les symptômes typiques de l’asthme sont une sensation d’oppression thoracique, un essouffl ement au repos ou à l’effort, une respiration siffl ante, une toux nocturne, matinale ou à l’effort. Ces symptômes sont intermittents et déclenchés par certains facteurs tels que le froid, l’exercice physique, une infection virale et des allergènes. Le diagnostic repose sur l’analyse fonctionnelle de la fonction respiratoire (spiromètrie) qui va mettre en évidence une obstruction qui le plus souvent s’améliore après l’inhalation d’un médicament qui dilate les bronches (bronchodilatateur). L’infl ammation dans les bronches peut être évaluée par la mesure du monoxyde d’azote (NO) dans l’air expiré.
Quels sont les traitements disponibles pour l’asthme ?
Il est impératif que l’asthme soit bien contrôlé. Le patient doit être responsabilisé par rapport à la prise en charge de son asthme. Il faut veiller à l’éviction des allergènes. Sur le plan médical, le traitement de choix comporte les bronchodilatateurs et les stéroïdes inhalés. Si le traitement est bien suivi, la grande majorité des asthmatiques peut vivre normalement et pratiquer du sport, même de compétition.
Qu’est-ce que la BPCO ?
La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie pulmonaire chronique caractérisée par une destruction du tissu pulmonaire consécutive à un produit toxique, comme le tabac. Dans les pays occidentaux, 80% des cas de BPCO est en relation avec la consommation de tabac. Il faut savoir que 30% des fumeurs, soit un fumeur sur trois, développera une BPCO et que celle-ci est la 4ème cause de mortalité dans le monde. En Suisse 400000 personnes souffrent d’une BPCO. Les autres facteurs qui peuvent provoquer une BPCO sont le tabagisme passif, l’asthme fi xé (il s’agit d’un asthme chronique), l’hyperréactivé bronchique, la pollution extérieure et intérieure.
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300 millions de personnes dans le monde en sont atteintes actuellement, et on estime que d’ici 2025 on passera à 400 millions.
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Comment prendre en charge la BPCO ?
Tout fumeur qui a fumé un paquet de cigarette par jour pendant au moins 20 ans devrait à l’approche de la cinquantaine effectuer des fonctions pulmonaires afi n de dépister une BPCO. La pierre angulaire du traitement est l’arrêt complet du tabac, qui permet une stabilisation de la maladie. Les traitements médicamenteux comprennent des bronchodilatateurs et des anticholinergiques. Les stéroïdes inhalés sont réservés pour les BPCO sévères. Il est recommandé que les patients soient vaccinés contre la grippe saisonnière et contre les formes graves de pneumonie à pneumocoques.
Qu’est-ce que le syndrome des apnées du sommeil ?
Le syndrome des apnées du sommeil (SAS) est un rétrécissement répétitif survenant au niveau des voies aériennes supérieures. Le phénomène se produit quand le patient dort car la musculature des voies aériennes supérieures est relâchée. Le SAS touche de manière symptomatique 2% des femmes et 4% des hommes. Dans 80% des cas les patients qui présentent un SAS sont obèses, mais 20% des SAS concernent des patients sans surcharge pondérale.
Quelles sont les répercussions du SAS ?
Le SAS déstructure l’architecture normale du sommeil entraînant une fragmentation de celui-ci et une diminution du sommeil profond qui est récupérateur. Le patient se plaint alors d’une fatigue chronique, d’hypersomnolence diurne, de trouble de la mémoire, voire de la concentration. Les proches décrivent la plupart du temps des ronfl ements. Des études ont démontré que le SAS est un facteur de risque cardio-vasculaire.
Que faire en cas de SAS ?
En cas de suspicion de SAS, il faut adresser le patient à un spécialiste comme un pneumologue ou à un centre du sommeil qui pratiquera un examen (polygraphie ou polysomnographie) afi n de poser le diagnostic. La pierre angulaire du traitement est la PPC (pression positive continue) qui est un petit appareil de la taille d’un réveil matin qui génère de la pression. Celui-ci est relié à un tuyau et à un masque appliqué sur le nez du patient. L’application d’une pression positive permet de maintenir l’ouverture des voies aériennes et donc supprime les apnées. L’alternative thérapeutique est le propulseur mandibulaire qui est un appareil dentaire fait sur mesure qui permet d’avancer la mandibule et de dégager les voies aériennes supérieures. Dans tous les cas, des mesures d’hygiène s’imposent, comme la perte de poids si le patient est obèse, le respect des heures de sommeil et l’éviction de l’alcool en soirée qui renforce le ronfl ement et les apnées.
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Quand la pollution s’en mêle
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La pollution atmosphérique joue un rôle certain dans plusieurs maladies et peut toucher notamment le système respiratoire ou cardiovasculaire. Dans le cas de l’asthme, on explique l’impact de la pollution de plusieurs manières. De manière aiguë, lors des pics de pollution des microparticules (PM), il est démontré que l’asthme est bien moins contrôlé, qu’il y a plus d’hospitalisations et que l’asthme est plus sévère.
On conseille ainsi aux personnes asthmatiques de ne pas sortir de chez elles lors de ces pics. Le port de masque est inutile dans ces situations, car il n’y a pas de filtration et les particules fines passent à travers le masque. Lors d’une exposition chronique à la pollution, le risque de développer un asthme est augmenté et a été démontré par de multiples études, ceci est notamment vrai pour les enfants. Le dernier point est le lien entre la pollution et le développement d’une sensibilisation aux allergènes, celuici n’est pas tout à fait clair. Il existe actuellement des arguments en faveur et en défaveur de cette hypothèse.
On estime que les microparticules ont causé le décès de 4 millions de personnes en 2012. En effet, cellesci constituent un facteur de risque cardiovasculaire (80% des décès sont d’origine cardiovasculaire), mais aussi pulmonaire (15% des décès) et cancéreux(5% des décès). En Suisse, la majorité de la pollution provient des gaz d’échappement des automobiles.
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Propos recueillis pour Pharmacie Populaire par Ralph BRINER, étudiant en médecine
Dr. Nicolas DOBRYNSKI
FMH de pneumologie et de médecine interne.
DIU (diplôme interuniversitaire) de médecine du sommeil