L’arrivée des médicaments issus des biotechnologies a transformé le paysage pharmaceutique de ces dernières décennies. Laboratoires et usines ont dû s’adapter, tout comme les pharmacies de ville, derniers maillons avant la remise de ces médicaments complexes aux patients.
Un défi pour l’industrie pharmaceutique
La recherche et la production de biomédicaments s’écarte radicalement des processus classiques de fabrication. Dans leur globalité, les investissements nécessaires à la conception d’un médicament biologique atteignent des sommets jamais explorés auparavant. Des nouveaux métiers ont aussi fait leur apparition au sein des grands labos, opérateur en culture cellulaire, biostatisticien, ingénieur biologique, ou technicien en bioproduction pour n’en citer que quelquesuns. Le savoir-faire des pharmaciens reste prisé dans la biotechnologie, sous réserve cependant de spécialisations complémentaires. En fait, l’ensemble des départements de l’industrie pharmaceutique a dû, et doit toujours, s’adapter à l’avalanche de nouveautés, procédures, processus, lois et autres règlements qui encadrent les médicaments biologiques.
Un enjeu logistique pour les officines publiques
La famille des médicaments biologiques s’agrandit inexorablement. La gestion de ces produits en pharmacie s’avère délicate à de nombreux points de vue, et requiert vigilance et compétence de la part des pharmaciens et de leurs collaborateurs. A commencer par l’aspect logistique, de la commande au stockage en passant par le transport. Il s’agit entre autres d’assurer le respect de la chaîne du froid, puisque la majorité des biomédicaments exige une température de conservation entre 2° et 8°C. A ce sujet, les réfrigérateurs de toutes les officines Pharmacie Populaire sont équipés d’enregistreurs de températures, afin de garantir un suivi professionnel des conditions de conservation. Le pharmacien doit encore veiller à la traçabilité des médicaments biologiques en documentant le numéro de lot à chaque remise. Les coûts d’acquisition des médicaments biologiques notoirement plus élevés que la moyenne incitent eux aussi à redoubler de précautions, notamment en vérifiant que les conditions de prise en charge par l’assurance-maladie soient bien remplies.
Comprendre pour mieux traiter
Une bonne connaissance de ses propres traitements permet non seulement d’en améliorer les résultats, mais aussi de prévenir et de mieux gérer les effets indésirables. Dans la pratique quotidienne, on constate que l’immense majorité des patients concernés n’a pas vraiment conscience de recevoir un médicament biologique. Or quand bien même l’action des biothérapies est beaucoup plus ciblée que les traitements classiques, elles ne sont pas dépourvues d’effets secondaires pour autant. Le risque accru de contracter une infection est l’un d’eux. En effet, le principe de traitement des maladies auto-immunes, comme la sclérose en plaque, le psoriasis ou la polyarthrite rhumatoïde, passe par un blocage de certaines fonctions du système immunitaire. Un autre problème fréquemment rencontré est lié au fait que les agents biologiques utilisés sont souvent des protéines, donc susceptibles d’être considérées par le système immunitaire comme des substances à combattre. La conséquence va d’une simple irritation au site d’injection, jusqu’à la destruction du médicament et donc l’échec du traitement.
Informé et rassuré par son pharmacien
La prise en charge médicale des biothérapies est éminemment pluridisciplinaire, un environnement dans lequel le pharmacien et son équipe sont appelés à apporter une contribution croissante. En ce qui concerne les effets indésirables potentiels, un patient sensibilisé sera en capacité de réagir plus rapidement et de limiter les dégâts. On ne peut que recommander de signaler à son pharmacien toute manifestation inhabituelle, quel que soit le traitement et plus particulièrement avec les médicaments biologiques. Si le symptôme est répertorié et sans gravité, le patient pourra être rassuré, ou si nécessaire redirigé vers son médecin traitant. De plus, certains effets indésirables peu fréquents peuvent ne pas avoir été détectés au cours des essais cliniques, et la déclaration du pharmacien aux autorités compétentes contribue ainsi à améliorer la sécurité du médicament. Par ailleurs, depuis le début de cette année, le pharmacien est habilité à substituer les médicaments biologiques par un «biosimilaire» meilleur marché. Là aussi, il sera nécessaire pour le pharmacien de bien expliquer à ses clients les tenants et aboutissants de cette démarche. Car si lui ne le fait pas, qui garantira la pérennité des traitements biologiques indispensables, mais peut-être un jour insoutenables économiquement pour le système de santé ?