La qualité du sommeil dépend de tant de paramètres qu’il n’est pas toujours aisé de définir la part de chacun d’entre eux. Mais peu de doutes subsistent quant à la nuisibilité des écrans en tous genres sur le bien-être nocturne.
Un sommeil très influençable
L’enjeu est de taille : le sommeil est crucial pour un grand nombre de processus bio- logiques, non seulement de récupération, mais aussi de réparation, d’apprentissage, d’immunité, de qualité de vie physique et mentale. Nous passons pour ce faire environ un tiers de notre existence à dormir … quand tout va bien. Car trop souvent hélas, des causes aussi variées que l’alimentation, l’alcool, le tabac, le stress, l’activité physique, l’hérédité, les hormones, l’environnement, la qualité de la literie, et bien d’autres encore, contrarient l’accès aux bras de Morphée. Regarder son écran d’ordinateur, de téléviseur ou de téléphone n’est donc pas le seul empêcheur de dormir en rond, mais il en est un acteur éminent.
Écrans et sommeil : une relation tumultueuse
Le rythme circadien des êtres humains alterne sur 24 heures des périodes de veille et de sommeil. Le passage de l’une à l’autre est biologiquement programmé, mais s’ajuste aussi aux variations de l’environnement. Dont spécialement l’exposition lumineuse. Or il se trouve que la lumière émise par les écrans de nos ordinateurs et smartphones possède une longueur d’onde spécialement active sur les mécanismes d’inhibition de la mélatonine, «l’hormone du sommeil». Ainsi, regarder un écran le soir retarde de plusieurs heures la sécrétion de mélatonine. Sans compter que les contenus, jeux vidéos par exemple, peuvent en eux-mêmes être une source d’excitation peu propice à un endormisse- ment rapide. Le déficit en heures de sommeil lié à l’usage des écrans est désormais considéré comme un problème de santé publique, il affecte tout particulièrement les jeunes générations.
Surfer ou dormir, il faut choisir
L’aspect chronophage, littéralement «mangeur de temps», est un autre problème lié à la consultation des écrans. Les journées n’étant pas extensibles, le temps consacré aux écrans doit être «prélevé» sur d’autres activités quotidiennes. Le choix est vaste, du repas pris à la va-vite en pianotant sur son clavier, à l’abandon des contacts directs avec ses amis et sa famille. Les activités physiques font elles aussi figure de victimes favorites. Or faire régulière- ment une croix sur son jogging pour ne pas rater le dernier épisode de la série à la mode enclenche un processus difficile- ment réversible, celui de la sédentarité. Avec toutes ses conséquences connues sur la santé, dont les troubles du sommeil. Enfin, n’oublions pas la cible de choix de l’hyperconnexion : les heures de sommeil elles-mêmes, allègrement sacrifiées au roi petit-écran à raison de une à deux heures par nuit en moyenne !
Déconnecter pour mieux se reconnecter
Prendre conscience de l’importance du sommeil et de l’impact des écrans sur ce- lui-ci, c’est déjà faire un grand pas vers une amélioration de son «hygiène numérique». Les conseils pratiques suivants, simples à appliquer, sont de nature à favoriser l’endormissement et un sommeil réparateur :
• Pas d’écran dans l’heure précédant le coucher ! A la place, pourquoi ne pas lire, réfléchir, écouter de la musique, prendre un bain relaxant, partager du temps avec ses proches, faire une courte promenade ? Les alternatives ne manquent pas.
• Une chambre à coucher sans aucun appareil électronique, téléphone y compris! Si une télévision se trouve dans la chambre à coucher, difficile de résister à la tentation ! Il en va de même pour son téléphone : déposé sur la table de chevet, impossible de ne pas y jeter un «dernier coup d’œil» avant de s’en dormir. Il y a aussi le risque d’être réveillé par un signal ou un appel intempestif au milieu de la nuit. Et même sans cela, la présence de son téléphone juste à côté de soi induit un «effet sentinelle» qui nuit au sommeil en nous maintenant imperceptiblement en alerte.