Lorsque les articulations font grincer des dents, il peut s’agir de pathologies très différentes ! Zoom sur l’arthrose et sur la polyarthrite rhumatoïde avec le Professeur Axel Finckh, rhumatologue et épidémiologiste aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Douleurs chroniques, infl ammation des articulations : les rhumatismes ont des causes qui varient. Il peut s’agir d’un problème mécanique ou encore de maladies auto-immunes.
Mal au poignet et aux extrémités des membres, doigts qui se déforment, les douleurs rhumatismales et articulaires peuvent être très handicapantes. De nombreux Suisses en souffrent, et leur proportion augmente avec l’âge. Or, ces maux familièrement appelés « rhumatismes » regroupent en réalité 280 pathologies différentes. Elles ont en commun d’affecter les articulations et les tissus conjonctifs. Il convient de distinguer notamment les douleurs ostéo-articulaires comme l’arthrose, qui sont plutôt liées à l’âge, et les douleurs infl ammatoires, qui concernent même des patients jeunes et peuvent être causées par la polyarthrite rhumatoïde.
Douleurs mécaniques : arthrose et tendinopathies
La vieillesse et l’usure du cartilage des articulations sont un des facteurs favorisant l’apparition des douleurs ostéoarticulaires. Il arrive aussi parfois que des personnes jeunes en souffrent, notamment lors de la surcharge d’une articulation à cause de l’obésité ou d’un défaut d’axe, provoquant une usure prématurée. Pratiquer un exercice régulier permet de prévenir la maladie, en musclant le corps. Mais lorsque l’articulation est au bout du rouleau, il n’y a qu’une solution : placer une prothèse au genou ou à la hanche. « Ces dispositifs s’usent, au contraire des os qui se réparent, et on essaie donc de les mettre le plus tard possible », explique le Professeur Axel Finckh, rhumatologue et épidémiologiste aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Des douleurs ostéo-articulaires peuvent aussi être causées par une atteinte des tendons, souvent à la suite d’une mauvaise sollicitation du corps. « À peu près n’importe quel mouvement peu physiologique, répété un millier de fois, peut entraîner ce type de problème, note le docteur. C’est pourquoi lorsque vous pratiquez une activité sportive, il est important de s’équiper de matériel adéquat, comme par exemple de bonnes chaussures de jogging pour courir. » Il n’y a cependant pas que sur les terrains de sport que cette pathologie peut survenir. Cliquer sur sa souris d’ordinateur peut ainsi conduire à une tendinite de l’index, et ce sans quitter son bureau !
Douleurs infl ammatoires : des maladies auto-immunes encore mystérieuses
En revanche, les rhumatismes de type infl ammatoire, comme la polyarthrite rhumatoïde, sont des maladies auto-immunes. Cela signifi e qu’elles sont provoquées par une anomalie au sein même du corps humain : l’organisme s’attaque à une structure de l’articulation, la prenant, à tort, pour un corps étranger. Les poussées sont chroniques, et peuvent évoluer durant plusieurs jours ou plusieurs mois, déformant à terme les mains et les pieds. En Suisse, une personne sur cent est touchée. « Les causes de cette affection ne sont pas encore très bien connues, explique le Professeur Axel Finckh. Aux HUG, nous menons des recherches afi n de comprendre pourquoi certaines personnes développent ces maladies, et de déterminer quels facteurs augmentent le risque. » Les chercheurs compilent dans ce but des données sur l’alimentation et les habitudes des personnes à risque. Il est d’ailleurs possible de participer à une étude de dépistage en cours (infos sur www.arthritis-checkup.ch). « Il faut être plus attentif aux symptômes éventuels si on a de la famille qui souffre de polyarthrite, car les facteurs génétiques ont une incidence d’environ 50% sur le développement de la maladie, souligne le docteur, qui insiste sur l’importance d’un dépistage précoce. On sait aussi que si un membre de la fratrie en souffre, le risque est 3 à 8 fois plus élevé pour les autres. » De plus, les hormones semblent jouer un rôle, car la majorité des personnes touchées sont des femmes.
Un dépistage précoce pour enrayer l’évolution de la maladie
En cas de profi l à risque, le dépistage est précieux. Les premiers signes de la maladie peuvent en effet être détectés des années avant la déclaration des douleurs. « Lors d’une polyarthrite rhumatoïde, des anticorps spécifi ques apparaissent dans le corps en moyenne 5 ans en amont, parfois même 10 ans selon les cas », relève le chercheur. On nomme cela le « début immunologique » de la maladie, par opposition à son « début clinique ». Il est généralement admis qu’un traitement adéquat peut permettre de retarder l’apparition des premiers signes visibles, et agir ainsi avant que les articulations gonfl ent et que les douleurs apparaissent. « Si on traite la polyarthrite de manière précoce, son évolution est plus bénigne grâce aux moyens actuels, précise le Professeur Axel Finckh. En agissant quand le mal est sévèrement installé, c’est plus compliqué, et on n’arrive qu’exceptionnellement à obtenir une rémission. » Dans les années à venir, la recherche apportera de nouvelles connaissances permettant d’affi ner la stratégie de prévention. « En agissant à un stade précoce, on espère un jour arriver à limiter le nombre de cellules auto-réactives, celles qui s’attaquent à l’organisme, conclut le spécialiste. En les neutralisant avec le bon outil, on pourra même éviter la maladie. » En attendant les avancées de la science, il y a un conseil à suivre : ne pas banaliser les rhumatismes, et consulter afi n d’en déterminer les causes. Dans le cas où d’autres membres de la famille souffrent de maladies auto-immunes, un dépistage de la polyarthrite rhumatoïde est conseillé.
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Quels médicaments contre les douleurs rhumatismales ?
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Les traitements utilisés pour calmer les douleurs rhumatismales chroniques sont des anti-inflammatoires ainsi que des antalgiques. Le diclofénac, par exemple, agit contre la douleur et l’inflammation à la fois. Les dérivés de la cortisone, eux, sont utilisés seulement pour les cas de rhumatismes inflammatoires. Pour ces pathologies, on traite d’une part les symptômes, et d’autre part la maladie elle-même. Comme traitement de fond de la polyarthrite rhumatoïde, le méthotrexate est aujourd’hui prescrit.
En pharmacie on trouve aussi du collagène, une substance qui possède un effet positif lors de la régénération des tendons et du cartilage, ainsi que de l’hydrolysat de collagène, du sulfate de chondroïtine, du sulfate de glucosamine ou du manganèse. Le but de ces compléments alimentaires est simple : substituer les constituants naturels du tissu conjonctif, des ligaments, des tendons et du cartilage articulaire, afin de faciliter la convalescence ou l’entretien de son corps.
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Propos recueillis pour Pharmacie Populaire par
Tatiana TISSOT /Contenu & Cie