On parle de plus en plus des solutions naturelles pour soulager les articulations, améliorer les capacités de mouvements et la qualité de vie. Que peut-on vraiment at-tendre de la micronutrition ? Le point avec le Prof. Dr. med. R. P. Jakob
Quel est pour vous le domaine d’application des nutriments articulaires ?
En général, je suis amené à les prescrire pour mes patients en chirurgie orthopédique après une intervention en raison d’une arthrose du genou et lorsque j’aimerai stimuler une régénération du cartilage induite chirurgicalement, (ostéotomie de valgisation ou de varisation). La technique dite de « microfracturing » consiste à pratiquer de petits trous dans la surface articulaire arthrosique, afin de déclencher la migration de cellules souches qui se développeront alors en un cartilage de réparation (cartilage fibreux) différencié.
D’autres patients concernés présentent un début d’usure cartilagineuse due, par exemple, à l’ablation du ménisque et pour lesquels l’opération est retardée. Les neutraceutiques de cartilages représentent pour moi un apport routinier.
Une troisième catégorie, sont les patients qui souffrent d’une arthrose avancée et chez lesquels une opération de maintien de l’articulation n’est plus possible. Ce procédé permet de gagner du temps et ainsi retarder l’implantation d’une articulation artificielle.
Quels sont ces nutriments spécifiques des articulations ?
On pourrait d’abord citer le sulfate de glucosamine à dosage adapté qui a pu démontrer une certaine capacité à ralentir la progression de l’arthrose. Les paramètres de la douleur et de la fonction articulaire sont presque équivalents aux anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS).
L’avantage prépondérant réside dans la bonne tolérance et donc du caractère inoffensif, également lors de diabète de type II. De plus, l’action positive semble se prolonger davantage à la fin du traitement. En démontrant le ralentissement de la progression de l’arthrose, des études cliniques avec des patients arthrosiques ont apporté la certitude que le sulfate de glucosamine a une action modificatrice sur la maladie (« disease modyfing ») du cartilage articulaire. Les patients présentant une usure dégénérative d’une articulation bénéficient donc des connaissances actuelles sur ces substances.
D’autres nutriments complémentaires sont-ils également utiles ?
Selon mon expérience et la littérature spécialisée, des oligo-éléments tels que le manganèse, le cuivre et le chrome jouent également un rôle positif, de même que des polysaccharides à base d’algues à haute teneur en sulfates. Ils servent à la sulfatation des protéoglycanes, les principales et les plus importantes molécules du cartilage dont le rôle mécanique est d’abord de servir de liant aqueux et donc d’amortisseur.
N’oublions pas l’hydrolysat de collagène qui permet une régénération du collagène. Cet élément constitue 70% des tissus conjonctifs (cartilage, tendons, ligaments). En cas d’inflammations et douleurs, d’autres substances naturelles telles que le curcuma permettent une amélioration plus rapide chez les patients.
Quels autres aspects vous paraissent importants pour un soulagement non chirurgical des articulations ?
A partir de la soixantaine, en moyenne 60 % de la population souffre d’arthrose dans une ou plusieurs articulations. L’usure dégénérative est normale. L’activité sportive, en constante augmentation même jusqu’à un âge avancé, est tout à fait recommandée, non seulement pour le système cardio-vasculaire et l’ostéoporose, mais aussi pour assurer une meilleure qualité de vie. Partant de ce constat, il apparaît comme une nécessité de compléter périodiquement le régime alimentaire par des neutraceutiques de cartilages, c’est-à-dire des substances nutritionnelles spécifiques.
Ces substances naturelles doivent être prescrites durant 6 à 18 mois, étant donné que le métabolisme du cartilage ne s’élabore que très lentement. Un complément administré en abondance vaut la peine car toute thérapie pour conserver l’articulation et régénérer le cartilage dépend de l’apport des éléments nécessaires à la synthèse des macromolécules. Ces substances sont très bien tolérées, et les effets, du point de vue des patients, sont très positifs. Un conseil encore : bouger ! (ou/et masser). L’exercice nourrit les tissus conjonctifs. Penser qu’il faut s’économiser lors de douleurs est une erreur et peut aggraver la dégénérescence de ces tissus.
Propos recueillis par la rédaction de Pharmacie populaire
[layerslider id= »2″]