La médecine du sport fait partie de ces professions dont le grand public peine parfois à définir les contours. L’image caricaturale de « l’urgentiste des terrains de sport » cache en réalité une spécialité extraordinairement diversifiée. La Doctoresse Silvia Bonfanti, médecin du sport à Hirslanden Clinique La Colline, nous révèle quelques aspects de sa pratique.
Santé Mieux-Etre : Merci de nous accueillir dans vos magnifiques locaux du nouveau Centre de Médecine du Sport et de l’Exercice (CMSE). Expliquez-nous un peu en quoi consiste votre quotidien.
Dr S. Bonfanti : Au CMSE aucune journée n’est identique ! Mes collègues et moi (ndlr: le CMSE dispose de 4 médecins du sport et 2 chirurgiens orthopédiques) nous occupons de toute personne physiquement active. Je passe sans transition de la rééducation d’un septuagénaire avec des douleurs au genou, au volleyeur amateur avec des douleurs à l’épaule, puis de la prévention des blessures chez un jeune sportif, à l’interprétation de l’électrocardiogramme d’un joggeur de 45 ans. Nous nous occupons évidemment aussi du suivi et de la prise en charge des sportifs d’élite comme l’équipe du Genève-
Servette Hockey Club, de danseurs professionnels, de club de football ou de rugby, etc.
Nous sommes là pour tout type de patient, sportif ou non, ayant été hospitalisé ou souhaitant tout simplement se remettre au sport. Nos consultations sont prises en charge par l’assurance de base et par conséquent accessibles à l’ensemble de la population. Ce qui est également très intéressant à la clinique, c’est que nous travaillons en réseau avec une vingtaine de centres spécialisés, en fonction des cas et des besoins des patients. Nous pouvons ainsi offrir au patient un accompagnement complet.
Dr Bonfanti, le CMSE a obtenu le label Swiss Olympic et vous-même avez soigné des athlètes au village olympique à Rio l’été dernier. Le public est parfois surpris de la rapidité avec laquelle un joueur de football professionnel blessé revient sur le terrain, ou s’étonne de voir un skieur vedette dévaler les pentes peu après un accident. Quel est le secret de ces champions?
Dr SB : Tout d’abord, les sportifs de haut niveau, à force de travail et d’abnégation, se sont forgés des qualités physiques et mentales hors-normes. Mais il n’y a pas de miracle, même les sportifs professionnels sont tributaires des délais imposés par la nature. Les quelques cas de « guérison-express » que vous évoquez ne signifient pas que l’athlète soit entièrement rétabli. Il est plus probable que sous la pression des médias ou l’obligation de résultats, il ait décidé de prendre le risque d’un retour anticipé. C’est un risque que l’athlète paye parfois cher par la suite. Mais ça, vous ne le lirez pas dans les journaux.
On a quand même l’impression que les sportifs d’élite ne sont pas pris en charge comme Monsieur et Madame Tout-le-monde, qu’en pensez-vous?
Dr SB : Il ne faut pas confondre rapidité et efficacité. En ce qui concerne la rapidité, en raison de la pression externe, les examens et contrôles sont effectivement faits initialement plus rapidement. De plus, les champions ont les moyens à disposition et les capacités physiques de consacrer plusieurs heures par jour à leur rééducation. Celle-ci est optimisée par une prise en charge dans un environnement médical pluridisciplinaire, tel que le CMSE.
Mais en matière d’efficacité, tout le monde profite des meilleurs soins. Simplement, les objectifs et le timing sont adaptés à chaque situation. En Suisse, nous bénéficions de standards de qualité de soins optimaux.
Puisqu’il est question de coûts, quel conseil simple aimeriez-vous donner aux personnes qui exercent une activité physique régulière?
Dr SB : Restez actifs ! L’activité physique améliore tous les paramètres cardio-vasculaires, réduit l’impact des maladies chroniques, améliore la qualité osseuse et réduit la mortalité globale plus que tout médicament ! On ne le dit pas assez ! De plus, on améliore notre équilibre, la coordination, on évacue le stress et on libère des endorphines qui nous rendent plus heureux.
Il est également important de veiller à votre alimentation ! C’est un paramètre qui me paraît souvent sous-estimé. L’organisme ne peut être performant qu’avec un régime de base équilibré. Une fois cet aspect bien réglé, on peut envisager des ajustements plus fins de la diététique, par exemple en ayant recours à des compléments alimentaires adaptés à ses besoins. A ce sujet, je voudrais mettre en garde les consommateurs de préparations énergétiques procurées sur Internet ou par un ami d’un ami d’un ami. La plupart ne contiennent pas ce qui est annoncé et dans 15% d’entre elles, on retrouve des substances dopantes interdites. Plus d’un sportif de haut niveau s’est ainsi laissé piéger ! Chez Hirslanden Clinique la Colline par exemple, nous travaillons avec une diététicienne diplômée qui nous permet de donner des conseils sur mesure en fonction des besoins du patient.
Vous qui voyez tant d’accidents consécutifs à la pratique sportive, pensez-vous toujours que le sport est bénéfique pour la santé?
Dr SB : Oui, il n’y pas l’ombre d’un doute. évidemment, les bénéfices ne doivent pas faire oublier quelques risques. Nous sommes là pour guider la rééducation après une blessure ou un retour au sport.
Mais le rôle de la médecine du sport est également d’agir en amont sur la prévention, donner une structure à l’entraînement, la nutrition, la récupération etc. Et ce, que l’on soit un sportif débutant ou confirmé.
Propos recueillis par :
La Rédaction Pharmacie Populaire
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