Sur et dans l’organisme humain prospèrent des centaines de milliards de bactéries, regroupées en communautés que l’on nomme microbiotes. La plus connue de ces collectivités est la flore intestinale, mais on recense aussi des microbiotes cutanés, vaginaux ou encore buccaux.
Ces divers groupes de micro-organismes interagissent avec la plupart de nos systèmes (immunitaire, digestif, hormonal… ). De leur vigueur dépend une bonne partie de notre bien-être.
La flore intestinale, un organe à part entière!
Le nom de certaines d’entre elles résonne plus ou moins familièrement, comme les lactobacilles ou les bifidobactéries, mais on recense en réalité des centaines d’espèces différentes de bactéries dans le tube digestif. Le microbiote intestinal joue un rôle tellement important dans tellement de fonctions vitales qu’il est souvent considéré comme un organe, au même titre que le cœur ou le cerveau. En conséquence, lorsque la flore intestinale est « malade », on parle alors de dysbiose, les retentissements sur la santé sont aussi divers que fâcheux :
- La digestion se trouve la première altérée, provoquant des symptômes classiques de ballonnements, de selles trop dures ou trop liquides, de remontées acides, avec en plus toutes sortes de problèmes de carences puisque les nutriments nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme ne peuvent plus être bien absorbés.
- La deuxième victime d’un microbiote intestinal déséquilibré est le système immunitaire. Il faut en effet réaliser que les trois-quarts des cellules immunitaires de l’organisme sont générées le long du tube digestif, puis essaiment dans tout le corps via le système lymphatique ! La composition de la flore intestinale a un impact direct sur la qualité du système immunitaire. Plus elle est saine, moins il y a de probabilité de tomber malade.
- On s’intéresse aussi de plus en plus aux relations entre les bactéries de l’intestin et le cerveau. On sait désormais que ces deux « organes » communiquent, par l’entremise d’hormones et des neurones. Des liens avec le stress, l’anxiété, la dépression, l’agressivité, et même avec la maladie d’Alzheimer ont été démontrés dans de récentes études.
Le microbiote buccal:
Porte d’entrée du système digestif, la bouche héberge elle aussi d’innombrables micro-organismes. Cette flore varie en fonction de paramètres héréditaires et environnementaux, comme l’hygiène bucco-dentaire ou l’alimentation. Lorsque cet écosystème est perturbé, par exemple par la cigarette, on assiste à la prolifération de bactéries pathogènes à l’origine de caries, d’inflammations de la gencive ou tout simplement de mauvaise haleine. Ces bactéries indésirables peuvent même passer dans la circulation sanguine et provoquer des pathologies à distance de la bouche.
Le microbiote vaginal:
La muqueuse vaginale est tapissée de lactobacilles, dont le rôle est essentiel pour limiter la croissance d’agents pathogènes. Lorsqu’une infection vaginale survient sans qu’elle soit liée à une maladie sexuellement transmissible, on est souvent en présence d’un ou de plusieurs facteurs de déséquilibre de la flore vaginale :
– une hygiène intime excessive
– la prise d’antibiotiques
– un changement hormonal
(grossesse, ménopause)
Le pH est un indicateur simple et fiable de l‘équilibre vaginal. Quand tout va bien, il est acide et se situe autour de 4. Un autotest pour le mesurer est à disposition dans toutes les Pharmacies Populaires.
Les germes de la peau:
En contact permanent avec le monde extérieur, la surface de la peau est tout sauf stérile. Des milliards de micro-organismes s’y promènent, bactéries, levures, parasites en tous genres. Lorsque tout ce petit monde est bien diversifié, il participe au contrôle d’une peau « saine » en formant ce que l’on nomme un « biofilm » protecteur.
Mais pour diverses raisons (produits cosmétiques décapants, antibiotiques, blessures), l’équilibre peut être rompu au profit d’une espèce qui va proliférer anormalement et favoriser l’émergence de maladies de la peau comme l’acné ou la dermatite atopique. Le psoriasis pourrait lui aussi être concerné.
Ces quelques exemples soulignent l’importance des microbiotes pour notre santé. Le traitement de nombreuses affections passe par le rétablissement d’une flore bactérienne équilibrée. La préservation de cette flore est un outil incontournable de toute prévention. Des solutions ciblées sont proposées dans chaque officine Pharmacie Populaire, dont les équipes sont spécialement formées à cet effet.
Zoom sur la micronutrition
Rédaction Santé Mieux-Etre : Madame Michaud, en quelques mots, décrivez-nous la micronutrition:
N.Michaud : La micronutrition est une nouvelle discipline, initiée par des médecins dans les années 1990, qui s’intéresse aux liens entre nutrition et santé. Cette nouvelle pratique médicale vise à analyser nos déséquilibres et carences nutritionnels lors d’un entretien individuel. Elle va ensuite essayer de corriger ces perturbations en proposant des conseils diététiques et des compléments alimentaires. La micronutrition peut apporter des réponses dans divers domaines tels que :
– Prévention du vieillissement, des maladies dégénératives, des maladies cardio-vasculaires.
– Nutrition du sportif.
– Prévention de l’ostéoporose.
– Troubles digestifs – mauvaise assimilation.
– Allergies
– Troubles du sommeil, fatigue chronique
SME : Comment détecte-t-on ces carences?
N.M. : Lors de la consultation, le thérapeute s’intéresse à l’individu et à son état de santé, il va essayer de dépister et évaluer les déficits micro-nutritionnels et les déséquilibres alimentaires. Pour cela, il dispose de plusieurs outils : des questionnaires alimentaires, des prélèvements biologiques tels que l’analyse du sang ou des cheveux, l’évaluation du stress oxydatif, etc.
SME : Pouvez-vous nous donner quelques exemples pratiques?
N. M. : L’iode rajouté dans le sel de cuisine illustre bien le rôle de la micronutrition. Cet oligo-élément est indispensable au bon développement cérébral et au fonctionnement de la thyroïde. Mais on en trouve peu dans l’alimentation habituelle. L’OMS et l’UNICEF ont donc recommandé l’iodation universelle du sel et les problèmes liés aux carences en iode ont fortement régressé. Autre exemple, on constate que les personnes en surpoids ont souvent des carences en Omégas 3, en Fer et en Magnésium. Le thérapeute corrigera ce déséquilibre en conseillant des aliments qui contiennent ces éléments. La cause de ces déficits provenant fréquemment d’une perturbation intestinale, le nutritionniste sera amené à prescrire une cure de probiotiques afin de rééquilibrer la flore et obtenir ainsi une meilleure assimilation des nutriments. Prenons pour terminer le cas d’une personne qui souffre de troubles de l’humeur : le micronutritionniste pourra lui conseiller de consommer des aliments riches en tryptophane, car cet acide aminé favorise la production de sérotonine, neurotransmetteur qui apporte détente et sérénité.
Rédaction | Pharmacie Populaire
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