À ce jour, plus de mille substances allergisantes, appelées allergènes, sont répertoriées dans la nomenclature des allergènes établie par l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Union internationale des sociétés d’immunologie. Pollens, poussières, poils d’animaux, lait, soja, fruits à coque, etc. On estime que 25 à 30% des individus dans le monde sont allergiques à l’une ou l’autre de ces substances. Et ce chiffre tend à augmenter! Mais quels sont les mécanismes biologiques mis en œuvre? Comment se manifestent les réactions allergiques et quels sont les facteurs de risque? Les réponses dans ce dossier.
20% d’allergiques au pollen🌼
Une personne sur cinq en Suisse souffre du rhume des foins. Si vous en faites partie, ce mois d’avril est sans doute celui que vous redoutez le plus, car il rassemble de nombreux pollens différents et en grande concentration. Des comportements préventifs, ainsi que des traitements adaptés permettent heureusement d’atténuer les symptômes. Mais connaissez- vous vraiment l’origine de la réaction allergique? Ses symptômes et ses facteurs de risque? Ses formes les plus dangereuses? Ce nouveau numéro printanier de Santé Mieux-Être vous récapitule l’essentiel.
Allergies: des réactions immunitaires exacerbées, potentiellement mortelles
Le saviez-vous?
Un système immunitaire hypersensible
Les allergies comptent parmi les affections chroniques les plus répandues dans le monde. Elles résultent d’une réponse excessive du système immunitaire à certaines substances normalement inoffensives (pollens, poussières, poils d’animaux, latex, etc.). Ces substances, appelées «allergènes», peuvent être inhalées, ingérées ou pénétrer par la peau. Les allergènes les plus courants sont les pollens, certains aliments (arachide, oeuf, lait, poisson, etc.) ou encore le venin d’hyménoptère. Une allergie peut apparaître pour la première fois à tout âge ou réapparaître après de nombreuses années de rémission.
Un mécanisme de défense
La réaction allergique repose sur l’activité d’une classe d’anticorps appelés immunoglobulines E (IgE). Au premier contact avec l’allergène, l’organisme produit des IgE spécifiques contre lui. C’est la phase de sensibilisation, lors de laquelle ces IgE se fixent à la surface de certaines cellules immunitaires. Lors d’un contact ultérieur avec le même allergène, ces cellules dotées d’IgE à leur surface vont capter l’allergène. Ceci va provoquer la libération de médiateurs de la réaction allergique, telles que l’histamine. S’ensuivent des symptômes divers (démangeaisons, larmoiement, difficultés respiratoires, etc.).
Une palette de symptômes
Les symptômes d’une réaction allergique varient en fonction du type et de la quantité d’allergène rencontré et de la manière dont le système immunitaire réagit à celui-ci. Une allergie peut provoquer des symptômes cutanés (urticaire, dermatite, eczéma), oculaires (conjonctivite), respiratoires (rhinite, crise d’asthme, œdème) et/ou digestifs (douleurs abdominales, vomissements, diarrhées). Des symptômes graves peuvent aussi apparaître, comme un œdème de Quincke pouvant obstruer les voies aériennes ou une réaction généralisée (anaphylaxie).
Plusieurs facteurs de risque
Les allergies sont courantes. Dans les pays développés, environ 20% des personnes sont touchées par la rhinite allergique et environ 6% présentent au moins une allergie alimentaire. Les personnes ayant des antécédents familiaux d’allergies ont un risque accru de développer une maladie allergique. Des facteurs environnementaux augmentent aussi le risque. Ils comprennent une exposition répétée à des substances allergènes ou à des polluants. À l’inverse, le contact avec de multiples antigènes pendant l’enfance peut aider le système immunitaire à répondre normalement aux allergènes.
L’anaphylaxie: une urgence vitale
L’anaphylaxie représente la forme la plus grave d’une allergie. Comme les autres ré- actions allergiques, elle ne se produit pas suite à la première exposition à l’allergène, mais peut survenir lors d’une exposition ultérieure. Elle apparaît alors rapidement et peut entraîner la mort.
Des causes bien identifiées
En Suisse, les venins d’insectes (notamment les hyménoptères) sont la cause la plus fré- quente de réactions anaphylactiques sévères chez les adultes. Ils sont suivis par les médi- caments (antibiotiques, anesthésiques, AINS, etc.) et les aliments (arachides, fruits de mer, œufs, etc.). Ces derniers restent la principale cause d’anaphylaxie chez les enfants. Une réaction anaphylactique peut également sur- venir au contact du latex, ou suite à un effort physique. Le risque reste rare dans le cas d’al- lergies polliniques. Le plus souvent, la réac- tion se déclenche dans les 15 minutes suivant l’exposition à l’allergène.
Symptômes et traitement
Les réactions anaphylactiques commencent souvent par une sensation de malaise, suivie de sensations de picotements et de vertiges. Des symptômes sévères surviennent ensuite rapidement: gêne respiratoire, chute de la pression artérielle, symptômes cutanés et digestifs et/ou troubles du rythme cardiaque. Le choc anaphylactique est subdivisé en plu- sieurs stades (de I à IV), en fonction du degré de gravité. Le stade IV, le plus grave, implique un arrêt respiratoire et/ou un arrêt cardiaque. L’adrénaline en intramusculaire continue d’être le traitement de première intention des cas graves.
Prévention des allergies
De plus en plus de personnes, enfants comme adultes, sont touchées par des réactions d’hypersensibilité. La plupart des symptômes restent modérés, mais l’évolution vers des pathologies nécessitant une prise en charge médicale n’est pas rare non plus. Plusieurs stratégies peuvent être adoptées pour prévenir l’apparition des allergies ou en diminuer les effets.
Avant tout, identifier les causes
Déterminer l’origine d’une surréaction immunitaire est une première étape indispensable à la mise en place des bonnes mesures préventives. Même si on peut en théorie être allergique à quasiment tout, les allergènes les plus fréquemment impliqués sont : les pollens, divers aliments, les acariens, les poils d’animaux et les moisissures, certains produits chimiques et médicaments, le venin d’insecte.
En cas de doute ou de symptômes persistants, il ne faut pas hésiter à consulter un allergologue. Celui-ci sera en mesure de confirmer ou infirmer la présence d’une allergie grâce à des examens cliniques et des tests cutanés ou sanguins ; pour le cas échéant identifier formellement le déclencheur.
Eviter l’ennemi
La réduction ou, idéalement, la suppression de l’exposition aux allergènes est le principe fondamental de la prévention des allergies.
– Si vous êtes allergique aux pollens : pendant la saison des pollens, gardez les fenêtres fermées dans votre maison et votre voiture. Si possible, évitez les sorties en plein air lors des pics de pollen. Lavez-vous les cheveux après être allé dehors, ne laissez pas les vêtements dans votre chambre à coucher.
– Si vous êtes allergique aux poils d’animaux, évitez bien sûr d’en avoir un chez vous. Si c’est déjà le cas, restreignez l’accès à certaines parties de l’habitat. Lavez régulière- ment l’animal.
– Si vous êtes allergique aux acariens : utilisez des housses anti-acariens pour vos matelas et oreillers, et lavez vos draps et couvertures régulièrement à une température supérieure à 60°C pour tuer les acariens. Un aspirateur équipé d’un filtre HEPA est également recommandé pour éliminer les allergènes dans les tapis et les meubles.
– Si vous êtes allergique aux moisissures : vérifiez l’humidité dans votre maison et assurez-vous qu’il n’y a pas de moisissures visibles. Utilisez un déshumidificateur et nettoyez régulièrement les zones susceptibles d’être touchées (salles de bain, sous- sols, etc.).
Le cas des allergies alimentaires
L’importance des répercussions d’une allergie alimentaire sur la qualité de vie justifie que l’on s’intéresse de près à la question ! Et le plus tôt sera le mieux, dans l’idéal dès la naissance étant donné que l’allaitement pendant les six premiers mois est reconnu pour réduire les risques ultérieurs d’allergie. Ensuite, au moment de la diversification alimentaire, et à l’inverse des recommandations qui prévalaient jusqu’à encore tout récemment, il semblerait utile pour la prévention des allergies d’introduire dès que possible les aliments à risque, tels que le poisson, les œufs ou les arachides. Une fois l’allergie alimentaire installée, il est en effet difficile de s’en débarrasser, et seul un régime strict d’exclusion de l’ingrédient incriminé permet de se prémunir des conséquences sévères, et même parfois mortelles.
Désensibiliser
La désensibilisation, ou immunothérapie allergénique, consiste à essayer d’habituer lentement le système immunitaire à la substance auquel un individu est allergique en lui administrant des doses croissantes de l’allergène. C’est le seul moyen de s’attaquer durablement à la cause du problème. Le traitement a lieu sous supervision médicale et se prolonge sur plusieurs années, entre trois et cinq. On utilise principalement la voie sous-cutanée et la voie sublinguale, chacune ayant ses avantages et inconvénients sur le plan de l’efficacité, de la sécurité, ou du confort. Les perspectives de réussite d’une désensibilisation dépendent du type d’aller- gie, elles sont assez satisfaisantes contre les allergies aux venins de guêpes et d’abeilles, ainsi que les mono-allergies aux pollens. Le bilan est plus mitigé en cas d’allergie multiple.
Remise simplifiée en pharmacie de médicaments antiallergiques : pratique et économique !
Le législateur a émis le souhait depuis maintenant plusieurs années de mieux utiliser le réseau de proximité des pharmaciens et leurs compétences professionnelles. Les patients bénéficient de la sorte d’un accès direct à un certain nombre de médicaments classés en «liste B», c’est à dire théoriquement soumis à prescription. Voici quelques exemples de traitements de la conjonctivite et de la rhinite allergique saisonnière pour lesquels il n’est plus nécessaire de déranger son médecin «juste pour obtenir une ordonnance » : Dymista® spray nasal, Mométasone (Nasonex® et génériques), Nasacort® spray nasal, Fluticasone® spray nasal, Opatanol® collyre, Zabak® collyre, Bilastine (Bilaxten® et génériques), Cétirizine (Zyrtec® et génériques), Desloratadine (Aerius® et génériques), Lévocétirizine (Xyzal® et génériques). Remarque : la remise en pharmacie de médicaments antiallergiques soumis à ordonnance n’est bien sûr pas «automatique», elle répond à un cadre précis, est documentée, et la durée du traitement limitée à un mois.